Depuis la préhistoire, les chevaux de trait ont accompagné la vie des hommes. Là où la force de ceux-ci trouvait naturellement ses limites commençait le travail des chevaux, tirant l'un la charrue, l'autre le fiacre ou le canon. A la campagne aussi bien qu'à la ville, en temps de paix comme en temps de guerre, ces chevaux ont servi les sociétés humaines. Mais ce serviteur à la peine était aussi un seigneur, la force et la beauté de l'animal l'ancrant au cœur de la vie de ses maîtres plus encore que l'obscure nécessité. Les bêtes détrônées par le moteur, il ne restait que la passion pour unir encore les hommes et les chevaux de trait, pour sauver les neuf races actuellement répertoriées en France et faire que des éleveurs, chercheurs ou soigneurs dévouent leur existence à ce patrimoine vivant issu des campagnes d'antan qui fait rêver les habitants des villes. Comtois et boulonnais, ardennais et auxois, traits du Nord et mulassiers du Poitou, bretons, cobs normands et percherons reprennent pied dans le monde du travail, celui du débardage fin où ils s'avèrent irremplaçables, celui aussi du maraîchage ou plus généralement d'une agriculture où le respect de la nature garde tout son sens. Surtout, ces chevaux puissants et tranquilles s'imposent dans le domaine des loisirs, aussi bien pour l'attelage que pour l'équitation.
Colette Gouvion et Philippe Krümm, sur de belles photographies signées Philippe Rocher, nous racontent l'histoire des chevaux de trait, aux accents souvent d'épopée et où se croisent, à travers les âges, soldats et patriciens, croisés et paysans, éleveurs et grands commis de l'Etat, tous gens unis par le métier et la passion du cheval. |