Témoignage exceptionnel de la ségrégation que vivait encore les noirs en 1959 dans le sud des Etats Unis.
C'est également une excelente approche du racisme en général.
Enfin bien que ce témoignage se rapproche d'une étude scientifique et théologique il est si bien écrit qu'il se lit aussi bien qu'un roman.

Voici un de mes coups de cœur de l'an passé. Je l'ai trouvé par hasard, en flânant dans les allées d'une brocante, parmi un tas de livres poussiéreux et aussi peu intéressants les uns que les autres. Une pépite d'or dans la vase. J'ai tout de suite été attiré par le titre et bizarrement, j'ai immédiatement compris que j'avais à faire à un livre exceptionnel. Ce n'est pas un roman mais un journal et une expérience.

John Howard Griffin est un blanc vivant dans le sud des États-Unis du début des années 60. En consultant les statistiques des suicides d'afro-américains, il est frappé des chiffres qu'il observe et qui sont extrêmement élevés, révélant chez eux presque un désintérêt pour la vie. En tant que journaliste, Griffin décide qu'il lui faut enquêter. C'est alors que germe dans son esprit l'idée de devenir noir. Prêt à tout pour y parvenir, il prend des risques médicaux, se faisant prescrire des traitements avec la complicité d'un docteur, puis en faisant usage de crèmes afin de se noircir l'épiderme.

Il va jusqu'à se couper de sa famille, pour des raisons de sécurité, pendant plusieurs semaines, sans les contacter, afin de s'immerger dans le personnage. Il fait un périple à travers différents états du sud, se mêlant aux noirs comme aux blancs. Le résultat de ce travail journalistique exceptionnel se trouve rassemblé dans ce journal, devenu un livre.

Il est très facile de lire ce petit livre, dont la taille est inversement proportionnelle à la richesse de son contenu. Nécessaire pour comprendre le sort réservé à la population afro-américaine en ces temps de ségrégation raciale.

NB: pour ceux que ça intéresse, j'ai écrit une notice dans Wikipédia à propos de ce livre: Dans la peau d'un noir.

Griffin est un journaliste américain. Se sentant très impliqué par la question de la ségrégation raciale, il décide de se "transformer" en homme noir, de s'immerger dans la société noire, afin d'en connaître réellement les conditions. Il restera environ 6 semaines noir, et relatera son expérience par écrit afin d'être publié dans les journaux, et ... peut-être... faire avancer les choses.

C'est un roman très étrange, un de ceux qui font partie des incontournables à lire un jour dans sa vie. Et pourtant... comment dire du mal d'un livre qui traite d'un sujet si grave, si réel, quand on ne l'a pas autant apprécié qu'on l'aurait cru ? Avant d'ouvrir une seule page de ce livre, il faut réellement et profondément se resituer dans le contexte : Sud des Etats-Unis, années 60. Parce que l'auteur ne nous aidera pas tellement à nous imprégner de l'atmosphère de l'époque pour permettre au lecteur de vraiment "comprendre" son histoire. Et c'est là qu'on sent notamment le travail journalistique et non le travail d'un écrivain.
Griffin donne ses impressions, succintement. Il raconte ses pérégrinations et ponctue son texte d'anecdotes. Des anecdotes parfois dures, certes, mais souvent trop peu "exploitées" par l'auteur. Il ne se les approprie pas vraiment, reste à la surface des choses, alors que cette expérience le bouleverse au plus haut point (il un même terrible cauchemar pratiquement toutes les nuits) il ne semble pas parvenir à mettre des mots dessus. Alors, oui, pour l'époque, ça a été un bouleversement, et certainement que même s'il l'avait voulu il n'aurait pu en écrire plus, mais pour moi il a été parfois difficile de croire en lui, en Griffin et en cette histoire. Essentiellement aussi parce que son raisonnement est parfois trop manichéen, l'homme blanc est un être bourré de vices et de violence qui n'attend qu'une occasion pour se dévoiler (dans la nuit) - le noir est toujours bon, solidaire et soumis (il oublit la virulence des blacks panthers).

Dans la peau d'un Noir, reste tout de même un témoignage très important, et très fort : comment une homme se retrouve à faire des kilomètres pour enfin avoir le droit d'accéder à de l'eau potable ; comment chaque jour de petites choses de rien lui rappelle qu'il n'est rien ; les lieux interdits, les regards, cette façon qu'a le blanc de considérer le noir comme une sorte de démon, de partie obscure de l'humanité, le côté bestial de l'homme. Un livre qui se lit, certainement pas pour le style (d'ailleurs aucun autre ouvrage de Griffin n'a été traduit en France), juste pour la chronique historique.

Comment un écrivain américain s'est transformé en Noir avec l'aide d'un médecin, pour mener pendant six semaines la vie authentique des hommes de couleur.
"Maintenant le témoignage est là, tangible, solide, prêt à prendre place dans les rayons de toute bibliothèque qui se respecte" - Robert Escarpit, Le Canard enchaîné

Mon avis :
Acheté d'occasion pour être relâché, je crois que je vais tout de même lire ce livre.

Un témoignage très intéressant sur la condition des noirs dans les années 60 aux Etats-Unis.

En 1959, pendant six semaines, un journaliste blanc américain est devenu noir et a sillonné le Mississipi, la Nouvelle-Orléans et l'Alabama dans la peau d'un noir. Espérons que les choses ont changé depuis cette époque!