Ce second tome se situe à la fin du règne d'Akhenaton et de son jeune fils Toutankhamon.
Le médecin Sinouhé va être confronté aux horreurs de la guerre contre les Hittites. Mais aussi aux violences religieuses. les prêtres s'opposant au culte de ce nouveau dieu, Aton, dans le désir de conserver leurs privilèges.
Sinouhé finira sa vie épris de justice sociale mais totalement désabusé.

Dans les dernières années de sa vie, Sinouhé entreprend d'écrire ses mémoires, pour lui-même, en toute objectivité.
Enfant trouvé dans un berceau dérivant au fil du Nil, il est adopté par un médecin des pauvres.
On va suivre son évolution jusqu'à l'âge adulte, au contact des prêtres d'Amon, et lors de ses voyages autour de le Méditerranée, l'occasion de comparer la civilisation égyptienne aux Syriens, aux Hittites et aux Crétois.
Des voyages au cours desquels il se fera voler "mais modérément" par son esclave borgne.

Sinouhé, veillissant et exilé de la cour de Pharaon, nous raconte l'épopée de sa vie.
Enfant trouvé et élevé par un médecin modeste et sa femme, il a su, grâce à une combinaison de talent et d'heureux hasards, accéder aux plus hautes fonctions et devenir le médecin de Pharaon. La situation politique entre l'Egypte et les pays voisins est compliquée, et le jeune Pharaon qui accède au pouvoir, Amenhotep qui va prendre le nom d'Akhenaton, a des idées étranges sur la religion, la politique, et la structure de la société.
Sinouhé a été mêlé de près ou de loin aux grands événements du royaume : guerres et négociations avec les pays voisins, réformes politiques et religieuses, intrigues à la cour du pharaon...

La force de ce roman réside tout d'abord dans le style : l'auteur nous plonge dans l'ambiance de l'Egypte ancienne en faisant utiliser à ses personnages une foule d'expressions toutes faites et de tournures de style (probablement inventées par lui mais l'effet n'en est pas moins fort) qui semblent surranées mais qui n'ont en fait jamais existé, et qui contribuent à rendre le monde du roman réel pour le lecteur. Ma préférée reste : "Tes paroles sont comme un bourdonnement de mouche à mes oreilles" pour signaler à son interlocuteur le peu de cas qu'on fait de ses paroles.
L'autre point fort pour moi réside dans la relation que Sinouhé bâtit au fil du temps avec ce jeune Pharaon, qui est épileptique et a des crises mystiques, et qui développe des idées selon lesquelles les hommes seraient tous égaux qui vont bouleverser son royaume. Sinouhé le prend parfois un peu en pitié en raison de ses accès de maladie, et n'arrive jamais à décider s'il est fou ou si au contraire il est vraiment capable de changer la face du monde en mieux, et se prend d'une affection sincère pour lui.

C'est un réel plaisir que de suivre les aventures de Sinouhé, dans une antiquité riche en mythes et croyances, découvrant des modes de pensées si éloignés des nôtres mais nous ramenant à nos propres préoccupations : liberté, vérité, religions et conflits....
Mika Waltari mêle habilement réalité historique et récit d'un voyage prenant, propre à redécouvrir toute l'histoire et la mythologie de l'Égypte ancienne, en passant par la Syrie, la Mésopotamie, la Crète.... entre vérité et interprétations, le voyage est fabuleux.... Et bien écrit, ce qui ne gâche rien....

Un deuxième tome plus sombre que le premier : Sinouhé voit s'écrouler le règne du pharaon Akhénaton dont il n'a jamais pu totalement penser que la théologie était hérétique. Sur Thèbes s'abattent les ambitions, la corruption, la violence. Les peintures de la guerre, civile et extérieure, sont tellement sanguinolentes que j'ai parfois pu me croire à nouveau dans Doron le Calvite, le burlesque en moins ! ;) Ces peintures frôlent souvent la complaisance, dans leur répétition, et c'est paradoxalement l'origine des quelques longueurs à déplorer.
J'ai souvent été captivée par le récit, parfois émue. Bien entendu, je suis allée vérifier souvent certaines choses qui me surprenaient et que j'ignorais.

Sinouhé est un médecin sous Imhotep, et voit son pays l'Egypte à la croisée de plusieurs destinées, comme lui, qui connaît la misère la plus noire, aux succès les plus élevés.
J'ignore la part d'invention quant à la période historique, mais j'ai été impressionnée de ne pas trop sentir un mode de pensée trop contemporain dans les réactions des personnages, ce qui est rare dans les romans historiques (tous féministes, humanistes, progressistes, quelle que soit l'époque, pour se gagner les bonnes grâces du lecteur...!).
Le début du roman est particulièrement frappant à cet égard, et le style y est parfois celui qu'on trouve dans les contes, dans la manière de parler répétitive des personnages ; attention, cela n'est pas désagréable du tout, au contraire. Cela ajouterait presque à la crédibilité du récit de Sinouhé.
J'ai particulièrement aimé la rencontre avec Minéa et l'entrée dans le labyrinthe du Minotaure.

Il ne me reste qu'à lire l'autre tome, toujours dans le cadre du challenge ABC 2008.

Une grande fresque, une aventure qui captive.

Né à Thèbes en 1350 avant Jésus Christ, Sinouhé est un homme qui vécut « solitaire tous les jours de sa vie ». Dans ses vieux jours, il décide d’écrire ses mémoires, non pas pour les dieux ni pour les hommes, mais pour lui, pour se souvenir de tout ce qu’il a vécu.
On suit sa vie avec passion et il n’y a pas un moment d’ennui sur les 650 pages ! On voit son enfance à Thèbes, son apprentissage de la médecine, sa rencontre et son amitié avec Akhenaton le pharaon hérétique, avec Horemheb, avec Kaptah son esclave le roi de la mauvaise foi, avec Méria la crétoise, avec Merit la solitaire elle aussi…
Je me suis une nouvelle fois (relecture) attachée à Sinouhé, homme juste et bon qui soigne les pauvres sans leur demander d’argent, mais aussi homme solitaire qui ne se sent à sa place nulle part.
Pour moi, c’est vraiment LE roman historique, celui qui nous fait voyager et découvrir une foule de choses sans en avoir l’air et celui qui nous donne l’impression de vivre avec les personnages. On s’y croit vraiment, la vie à Thèbes il y a 3350 ans n’est finalement pas si différente que celle en France aujourd’hui.
L’auteur sait mêler une fresque historique incroyablement bien construite et un roman humain, avec un héros qu’on n’oublie pas. J’adore !!