Si vous évoquez « Les oiseaux », nombre de vos interlocuteurs penseront au célèbre film d’Hitchcock, sans savoir qu’il s’agit de l’adaptation d’une nouvelle de D. Du Maurier (si, si, je vous assure, j’ai fait le test !), comprise dans un recueil qui en compte 6 autres :
- « Le pommier » : le veuf de Midge, femme plaintive et geignarde, prend en grippe l’un des pommiers de son jardin, dont l’allure décharnée lui rappelle sa défunte épouse.
- « Encore un baiser » : le narrateur, jeune employé dans un garage, s’amourache d’une ouvreuse de cinéma, qu’il va jusqu’à suivre une fois la nuit venue.
- « Le vieux » : s’adressant à un interlocuteur inconnu, un homme relate les étranges événements dont il a été témoin en observant la vie au bord d’un lac du « vieux » et de sa famille.
- « Mobile inconnu » : la femme de Sir John se suicide alors qu’elle est enceinte de 5 mois. Il charge un détective de mener l’enquête afin de découvrir les raisons de ce geste a priori inexplicable.
- « Le petit photographe » : une marquise en vacances à l’hôtel avec ses deux petites filles se languit et s’interroge sur le sens de sa vie morne et ennuyeuse.
- « Une seconde d’éternité » : Mme Ellis vit seule la plupart du temps. En effet, elle est veuve et sa fille unique est en pensionnat. Un jour qu’elle rentre d’une promenade, sa maison est occupée par de louches individus.
Et enfin « Les oiseaux », nouvelle qui ouvre le recueil… ou comment de simples volatiles peuvent devenir, en l’espace de quelques heures, une source de terreur.
Au départ de ces histoires, soit les personnages sont placés dans des situations qui mettent en avant ce que la nature humaine peut avoir de sordide, voire de glauque, soit ils subissent un événement qui fait basculer un quotidien banal dans l’horreur, de façon tantôt réaliste, et tantôt fantastique.
Leur point commun, c’est que l’auteure ne les conclut pas de manière définitive : leur fin est sujette à plusieurs interprétations possibles, ou invite le lecteur à imaginer une suite.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ces nouvelles. Contrairement au style de certains de ses romans, qui peut parfois sembler un peu vieillot, j’ai trouvé celui des « Oiseaux », par sa simplicité, très actuel. Hormis quelques indices qui permettent de situer les récits dans une époque, rien n’indique qu’ils ont été écrits au début des années 50. J’ai aimé aussi l’introduction d’éléments totalement irréalistes dans des histoires qui commencent comme des faits divers, et toujours, ce talent de D. Du Maurier pour nous plonger dans des atmosphères oppressantes, et mettre le lecteur sous tension avec des détails subtils.
A ceux, donc, qui ne connaissent des « Oiseaux » que son adaptation cinématographique, j’en recommande vivement la lecture…