Sur ce chemin, redevenu célèbre depuis quelques années, de Saint-Jacques de Compostelle vont se rencontrer une dizaine de pèlerins, tous différents et partis de différents points du globe. Chacun a sa raison, ou ses raisons de s'être lancé dans l'aventure. Manon Moreau, l'auteur, dont c'est ici le premier roman, va nous en distiller les secrets au fur et à mesure des étapes et des rencontres qui se font et, parfois, se défont. Pour certains de ces pèlerins, il faudra attendre la fin du voyage pour comprendre ce qui les poussent à marcher plusieurs heures par jour, sous le cagnard ou sous la pluie et à braver ampoules et tendinites. Le livre est agréable à lire même si certaines étapes semblent plus difficiles à franchir que d'autres, ce qui, au fond, reflète bien la réalité du "camino". Du fait du caractère "choral" de ce roman, la psychologie des personnages est forcément assez sommaire, mais l'auteur évite les caricatures trop faciles et les faits et gestes des uns et des autres restent crédibles. "Il y a des livres qui voyagent et d'autres qui te disent de partir" dit un des marcheurs. Celui-ci mérite d'être classé dans les deux catégories à la fois !

Le vestibule des causes perdues raconte la marche vers Compostelle d'une petite bande de cabossés de la vie. Au delà d'un témoignage sur toutes les péripéties que vivent ces marcheurs du camino, j'ai aimé la vie de ces personnes qui se rencontrent et se racontent doucement avec pudeur, ils s'entraident et finissent par former une petite bande qui arrivant en bout de la terre sont totalement différentes et aptes à reprendre leurs vies d'une façon plus sereine.
Cette lecture faite pendant que ma grande soeur était elle-même entrain de cheminer sur le camino a pris de ce fait une saveur particulière :)