Les esprits du désert
Un dard empoisonné tiré d’une sarbacane depuis la fenêtre par un Indien Pima stoppe net les révélations du vieux prospecteur. Croyant à un malaise puis confronté à la « mort silencieuse », les rangers se ruent à l’extérieur, en vain car la nuit est propice au tueur. Communiquant par tambour, Yakal demande des instructions au « Seigneur du navire sacré » sur la conduite à tenir. Ce dernier donne l’ordre d’éliminer les policiers texans. Pour Tex et Kit, il est temps d’embrayer la vitesse supérieure et d’approcher l’épave légendaire échouée dans le désert mais les pièges à déjouer sont coriaces d’autant que les Pimas sont dévoués corps et âme à la protection du navire hollandais.
Suite superbe du « Navire perdu » parue précédemment, « Les esprits du désert » font résonner les tambours, siffler la mort silencieuse, courir les rangers, tomber les Pimas pendant que le seigneur donneur d’ordre converse et fume le cigarillo. Claudio Villa (né en 1959) dessine avec aisance et naturel. Son trait est ajusté, souple et délié. Avec un tel virtuose aux pinceaux, le lecteur n’a jamais la sensation de perdre son temps mais au contraire de l’enrichir.

Le navire perdu
Entre les rives du Colorado et la Sierra de Juarez, en Basse-Californie, une lagune perdue dans le désert abriterait les restes d’un légendaire navire hollandais avec à son bord un trésor. L’archéologue mexicain Manuel Doberado accompagné d’une aide de camp et de deux mules passant dans la ville de Riito située près du delta du Colorado s’acheminent vers la lagune salée. A peine éprouvent-il le bonheur de découvrir enfin l’épave du navire perdu qu’ils disparaissent dans un cri d’effroi, comme avalés par le Léviathan vermoulu. Dépêchés sur les traces de l’explorateur disparu par El Morisco, ami de Doberado, Tex Willer et Kit Carson s’ingénient à réveiller les pistes d’abord à Riito où les gringos sont détestés puis à la mission tenue par le père Joaquin. Les deux rangers espèrent recueillir par le truchement du missionnaire le témoignage d’un vieux prospecteur vivant à proximité qui aurait approché la lagune salée mais un mystérieux Indien prêt à dispenser la mort silencieuse avec sa sarbacane surveille les deux partners.
La soixantaine de pages débutant cette course au trésor archéologique jouxte "Le moulin abandonné", la fin d’un récit entamé dans les numéros précédents, scénarisé de même par Claudio Nizzi, dessiné par Jesus Blasco. Si Blasco est un très bon dessinateur, Claudio Villa qui fait suite est un orfèvre en la matière dessinée. Chaque case est une merveille. La réalisation est soignée dans les moindres détails. Le trait est souple, précis, parfaitement ajusté. Les aplats noirs adoucis de fines hachures sont impeccablement distribués. Qu’il dessine l’œil d’un cheval, le visage creusé du padre Joaquin ou celui, terrorisé, de l’ancien prospecteur, Claudio Villa excelle à traduire les émotions avec justesse et profondeur. Le moindre détail fait sens. Tout est régal pour le lecteur cheminant dans les cases et les planches d’un maître exceptionnel du 9e art. On trouvera la suite et la fin de cette aventure à rebondissements dans les nos 329 et 330 du Tex Mensuel.