Le prisonnier de l’Albatros
Embarqués sur la baleinière « Léviathan », cornaqués par le capitaine Drake, Tex Willer et Kit Carson poursuivent « L’Albatros » dans lequel se trouve leur ami Tom Devlin qui doit être livré aux Indiens Nootka, en Colombie britannique. Afin de calmer les soupçons du capitaine Hogarth dirigeant « L’Albatros », le « Léviathan » se lance dans une véritable chasse à la baleine, entraînant les rangers dans un sillage tempétueux.
L’invraisemblable traque se poursuit en mer, amenant les Texans à découvrir un nouvel espace extraordinaire dans lequel Barbanera évolue bien mieux qu’un squale en eaux troubles. La chasse au cétacé est un moment de bravoure mais l’arrivée au Canada, la survenue des séquoias, des grizzlis et des farouches Indiens Nootka épicent agréablement un récit d’aventures maritimes dans lequel la force et la masse frappent de concert. Claudio Villa demeure impérial aux pinceaux, sans aucun relâchement, avec une maestria enthousiasmante. Soit il dessine en gros plans les visages, restituant au mieux les expressions, élaguant le décor en conséquence, soit il représente les paysages avec un rare bonheur. Inutile de revenir sur la pauvreté graphique de la couverture réalisée par Galep, Claudio Villa lui-même reprendra le flambeau après le décès du créateur de la série et ne faillira jamais quant à l’excellence de ses réalisations mensuelles, mettant toujours en avant un moment-clé de l’histoire, signe évident qu’il lit avec plaisir ce qu’il illustre ensuite.

Alcatraz !
Le récit entamé dès le n° 354 est ici recentré sur la forteresse prison d’Alcatraz sertie on the Rock. Tex Willer et Kit Carson accompagné par Bixler, l’avocat du capitaine de marine Drake ont décidé de libérer ce dernier en échange du lieu de détention du chef de la police et ami des rangers, Tom Devlin. Tex et Kit vont endosser l’uniforme des gardiens de prison et tenter de faire transférer Drake, alias Barbanera mais la police surveille les allées et venues des rangers car le chef par intérim des forces de l’ordre de San Francisco est impliqué dans l’enlèvement de son supérieur.
Alors que l’histoire linéaire se dévide, sans accroche et sans surprise, l’intérêt du lecteur réside essentiellement dans la découverte, case après case, de l’incroyable talent graphique de Claudio Villa. Le dessinateur italien se permet toutes les audaces et réussit tout ce qu’il entreprend, plongée, contre-plongée, gros plan, etc. Le trait est élégant, précis, expressif avec finesse. On peut imaginer une filiation entre le grand Alex Raymond ou son successeur John Prentice et Claudio Villa. La lecture est un régal constant. La couverture réalisée par le créateur de la série, Aurelio Galleppini alors âgé de plus de soixante-dix ans en 1990, fait un peu tâche mais les rééditions successives des Tex (2001 et 2014) conservent la couverture originelle si peu seyante.

La conjuration
Appelés à Frisco pour retrouver leur ami Tom Devlin, chef de la police de San Francisco, porté disparu, Tex et Carson quitte la poussière et les vautours du désert pour se retrouver dans les bas-fonds et face aux dépeceurs de la ville. Mis au parfum par Mike Tracy, propriétaire de l’hôtel Alameda et Sam Brennan, directeur du San Francisco Examiner, les rangers n’ont d’autre issue que de pactiser avec le redoutable capitaine Drake emprisonné sur l’îlot d’Alcatraz. Barbanera Drake veut troquer l’information capitale du lieu de détention de Devlin contre sa remise en liberté. Les faits et gestes des deux pards sont néanmoins étroitement surveillés par la police qui a probablement maille à partir avec l’enlèvement de Devlin.
Alors que l’histoire prend son temps pour se mettre en place (elle se poursuivra dans les nos 355, 356 et une partie du n° 357), l’introduction démarre en fanfare avec le vol à la tire et la course-poursuite quasi burlesque dans les ruelles de la ville. Le talent du dessinateur transalpin Claudio Villa (né en 1959) est éclatant à chaque case. Fidèle de l’écurie Bonelli, Villa œuvre depuis 1982 (Martin Mystère) et 1986 (Tex). En 1994, il dessine magistralement toutes les couvertures du Tex mensuel, succédant au médiocre dessinateur et créateur de la mythique série, Aurelio Galleppini.