Trois amies se retrouvent pour leur déjeuner mensuel dans un restaurant branché de Toronto.
Elles croyaient s'être définitivement débarrassées de Zénia, créature au passé obscur qui leur a volé à chacune leur homme. En apprenant sa mort dans les journaux quatre ans auparavant, elles avaient assisté avec jubilation à son enterrement. Quand soudain la porte du restaurant s'ouvre et Zenia entre, en personne…
Margaret Atwood nous décrit minutieusement le parcours depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte de ces trois femmes qui deviendront amies avec le temps : Tony, Charis et Roz, qui se sont rencontrées lors de leurs études supérieures mais qui ne se connaissaient guère d’atomes crochus à cette époque.
Leur futur point de convergence : elles seront trahies, chacune à tour de rôle, par Zénia, femelle hyper sexy qui gagnera leur confiance et leur amitié avant de détruire leur couple en vampirisant leur conjoint. Ces femmes seront marquées au fer rouge par cette trahison, qui cimentera définitivement leur amitié.
Ces trois femmes n’avaient pourtant pas été épargnées par leur enfance : mère volage et père devenu alcoolique et suicidaire pour Tony ; mère dépressive, père inconnu et oncle pédophile pour Charis ; mère effacée et père escroc pour Roz. L’auteure semble nous offrir une panoplie de personnages aussi détraqués les uns que les autres, les hommes n’ayant pas souvent le meilleur rôle… Chacune trimballe donc tant bien que mal ses failles, ses manques, ses faiblesses, véritables portes ouvertes par lesquelles d’engouffrera Zénia.
Mais qui est donc cette fascinante Zénia, qui s’invente à chaque fois une autre vie et un autre passé en fonction de son interlocuteur ? Mante religieuse et femme caméléon, séductrice et prédatrice, qui sait tellement bien manipuler et se modeler de manière à s’offrir en miroir aux fantasmes des femmes d’abord, des hommes ensuite.
La séduction, la confiance, la manipulation, le rejet, la trahison et l’abandon, voilà les thèmes récurrents apparaissant tout au long du roman.
Pourquoi Zénia réapparaît-elle quatre années après son décès officiel ? Pourquoi a-t-elle simulé sa mort et organisé son propre enterrement ? Voilà ce que les trois amies essayeront de découvrir jusqu’au jour où chacune à tour de rôle la rencontrera en tête à tête dans sa chambre d’hôtel.
Sachez toutefois que Zénia – qui tient à la fois de la vamp, de la stryge et de la sirène par son chant ensorcelant - demeurera à jamais opaque et insaisissable ; aucune question la concernant ne trouvera une réponse claire et définitive. On en vient même à se demander si le fait d’avoir embarqué les conjoints de Tony, Charis et Roz n’étaient pas plus une bénédiction qu’autre chose les concernant…
Je suis dubitative quant à ce roman. D’un côté, je l’ai trouvé long, verbeux, de l’autre, je n’arrivais pas à l’abandonner et j’étais curieuse de lire la suite. Ce roman exerçait donc sur moi une certaine attraction en dépit de ces inconvénients
Citation:
« Zénia lui a volé quelque chose, le seul bien qu’il ait toujours conservé à l’abri de toutes les femmes, même de Roz. Appelons cela son âme. Zénia l’a prise dans sa poche de poitrine quand il ne regardait pas, aussi facilement que si elle avait dévalisé un ivrogne, elle l’a examinée, elle a mordu dedans pour voir si elle était vraie, elle a ricané de la trouver si petite après tout, et elle l’a jeté, parce que c’est le genre de femme qui désire ce qu’elle n’a pas et obtient ce qu’elle veut, puis méprise ce qu’elle a reçu.
Quel est son secret ? Comment réussit-elle ? D’où vient son indéniable pourvoir sur les hommes ? Comment s’en empare-t-elle, interrompant leur course d’un croche-pied, pour le retourner comme un gant ? »