Le 3e épisode met en scène la confrontation entre Jack Thunder et Tex Willer. Les bandits sèment la mort et la terreur dans Heaven. Les masques tombent. Kid Rodelo, envoyé au préalable par Thunder pour obtenir des informations, dévoile son fond obscur. La jeune, naïve et belle Donna aurait pu être séduite par l’ange d’abord sensible et prévenant mais Rodelo montre vite son vrai visage quand Thunder arrive. Les rangers passent à l’attaque mais les bandits sont coriaces et Thunder implacable.
Voici venir la fin d’une histoire violente et captivante. Marcello ne fléchit pas. Sa production est prodigieuse et son graphisme demeure sans défaut jusqu’à l’ultime case. Le format souple et bien dimensionné, l’impression en noir et blanc de bonne qualité permettent une lecture aisée. Les couvertures en couleur réalisées par Claudio Villa sont à chaque fois de grandes réussites.

Jim Lane a trouvé refuge dans la petite ville minière de Dogtown. Alors qu’il flirte avec la plantureuse fille du saloon, son frère Bronco vient le prévenir que les rangers sont après lui. Jim prend la fuite et se repend. Il revient à Dogtown pour découvrir la cité mise à feu et à sang par la bande sanguinaire et dégénérée de Jack Thunder. Les assassins psychopathes décident ensuite de se diriger sur Heaven afin de faire main-basse sur l’or. Lena et Donna sont visées car elles savent où se trouve l’or de la « bande des Innocents ». Comprenant le drame qui se joue, les rangers partent à bride abattue vers la paisible bourgade de Heaven rebaptisée Helltown par les tueurs. Malheureusement, l’Indien pyromane de la bande a déclenché un incendie dans la forêt afin de prendre en tenaille Tex Willer et ses compagnons.
Le second épisode faisant suite aux « Sept assassins » ne faiblit pas en intensité. Chaque membre de la clique à Thunder montre son pouvoir de nuisance, sa cruauté et son manque total de compassion. Marcello continue à fournir un dessin impeccable, expressif en diable. En dépit d’une trame infernale, le plaisir de lecture est total. Il est étonnant de découvrir un western aussi âpre en bande dessinée et de superposer le bon docteur Justice et ses coups de pied circulaires au grand ranger Willer et ses pruneaux ajustés. La reconnaissance dont a pu bénéficier Carlo Marcello en dessinant les célèbres aventures du ranger texan est largement méritée.

« Les sept assassins » débutent une trilogie en 342 pages scénarisée par Mauro Boselli, dessinée par Raffaele Marcello, parue initialement en Italie en mai 1999 et heureusement rééditée en 2009, toujours disponible mais en version italienne. L’histoire débute au Golgotha Trading Post, au bord du Lac Salé, en Utah. Un pistolero bellâtre, Kid Rodelo, joue au poker, ramasse la mise et mitraille ses adversaires patibulaires. Après le massacre, surgit en contrejour un individu spectral, les orbites vides dissimulées derrière un bandeau, une chouette juchée sur son épaule. L’épouvantail se dénomme Jack Thunder. Il vient parachever le carnage. Bien qu’aveugle, Thunder a développé une ouïe extraordinaire. Le moindre mouvement, le plus petit souffle lui permettent de situer n’importe qui dans l’espace et ses pistolets sont infaillibles. A sa suite, comme au théâtre, arrivent le reste de la troupe d’affreux, Monk, le bossu, Lizard tenant en laisse deux molosses mangeurs de chair humaine, Hammer, un colosse noir armé d’un marteau, L’homme sans visage, lanceur de couteau, Firewolf, un Indien pyromane. Rodelo, avec son visage d’ange, se joint aux démons de l’enfer sous la houlette de l’implacable Thunder. A Heaven, une cité minière, prospère et paisible du Nevada, Kit Carson retrouve une femme aimée, la belle Lena. Sa fille, Donna entretient une relation sentimentale avec Kit Willer. Tex Willer et Tiger Jack composent les deux autres compagnons du quatuor. Les rangers sont à la recherche d’un voleur de cheval, Jim Lean, accusé d’avoir tué un shérif.
L’histoire imaginée par Boselli fait la part belle aux références bibliques. Les assassins sont monstrueux et ils portent leur méchanceté sur eux mais Rodelo a une gueule d’ange, des armes létales et il trompe bien son monde. Le dessinateur italien Carlo Marcello (1929-2007) qui a accompli la majeure partie de sa carrière en France (Rintintin, Docteur Justice, Taranis, etc.) ne connaîtra la notoriété en Italie qu’à partir des années 1990 lorsqu’il s’attelle aux séries des éditions Bonelli, Tex et Zagor. Dessinateur réaliste et prolifique au graphisme expressif, élégant et précis, Marcello est une des figures marquantes de la bédé populaire mais son extraordinaire production demeure aujourd’hui quasi invisible puisque les journaux d’époque ont presque tous disparu (Pif gadget, Journal des Pieds Nickelés, Pépito, etc.). Seuls demeurent quelques albums au parfum suranné des joies enfantines.