3 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
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[Chemins de poussière rouge | Ma Jian] |
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Auteur |
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Message |
maroni
Sexe: Inscrit le: 02 Jan 2009 Messages: 936 Localisation: Paris
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Posté: Ven 07 Nov 2014 20:30
Sujet du message: [Chemins de poussière rouge | Ma Jian]
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Mo Yan est un artiste plasticien, poète et écrivain du début des années 80. Cette période charnière de la Chine, passage entre l'ère maoïste du Grand Timonier et l'ouverture au marché (progressive) du petit Timonier Deng Tsiao Ping.
L'auteur ne se sent plus accepté par les autorités, en quoi il n'a pas tort. Quant à sa vie personnelle et sentimentale elle va à vau l'au.
Il choisit de se retrouver en rencontrant la réalité de son pays. Il part à la rencontre de la Chine immense qu'il ne connaît pas. Ce livre est le récit autobiographique, celui d'un long périple à travers la Chine de l'est en ouest du nord au sud.
Difficile expérience, à la limite du tolérable parfois, quand la nature (le désert, les montagnes,..) le font vaciller. Quant aux contacts avec les gens, ils ne sont pas toujours positifs, ni sans danger.
L'intérêt de "Chemin de poussière rouge" est qu'il nous décrit de façon subjective (dans le sens de "vécue") ce qu'était la Chine profonde, rurale et urbaine, au moment où elle s'est réveillée.
En effet, c'est du matériel de première importance pour voir les changements réalisés, mais aussi voir les constantes (les mentalités, les habitudes de vie, etc).
Livre facile, agréable,avec des morceaux très évocateurs comme celui-ci :
L'an passé, au cours du printemps 1981, je quittai, sur décision de mon unité de travail, l'immeuble où résidait le personnel pour emménager dans une petite maison du passage Nanxio, au numéro 53. Elle est coincée entre la onzième et la douzième rue de Dongsi, dans le quartier est de Pékin, à une centaine de mètres de l'ancienne résidence de Liang Quichao, l'un des membres du mouvement réformiste de 1898, dont les appels à la modernisation mirent l'impératrice Cixi dans une telle rage qu'il dut s'enfuir du pays et passer quatorze ans en exil. Devant la porte de sa demeure, un vieux caroubier a poussé en vrille dans un minuscule espace serré entre le mur et un poteau télégraphique. Ma maison s'élève au fond d'une étroite impasse, à une vingtaine de mètres de ce passage Nanxiao. Celui-ci est tout juste assez large pour que deux bus puissent se croiser sans se toucher. À huit heures du matin et à quatre heures de l'après-midi, le passage s'emplit de tant de monde et de bicyclettes que plus personne ne peut avancer.
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[Chemins de poussière rouge | Ma Jian] |
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Message |
bertrand-môgendre
Sexe: Inscrit le: 10 Mar 2007 Messages: 88 Localisation: ici et là
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Posté: Dim 30 Mar 2014 20:09
Sujet du message: [Chemins de poussière rouge | Ma Jian]
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Deng Xiaoping lors du 20 ème Congrès national du peuple prononce un discours édifiant sur la lutte idéologique contre la pollution spirituelle qui est « … la destructrice même de toute moralité et une violation de nos lois pénales... la pollution spirituelle encourage la passivité, le laxisme, la désunion, corrompt l’esprit et diminue la volonté. Elle conduit à se méfier du socialisme, du communisme et de la direction du parti communisme... »
En septembre 1981 Hu Yaobang fit un discours qui déstabilisa les artistes et intellectuels du pays : il y proclama les dangers d’un « libéralisme bourgeois »
Ma Jian, auteur, peintre, photographe vit à Běijīng. Dans son appartement sis au 53 passage Nanxiao, il reçoit beaucoup d'artistes. Surveillé, emprisonné, il était allé trop loin dans sa prise de liberté d’expression : il dut faire son autocritique et devient cible désignée sous le couvert de la campagne « contre la pollution spirituelle », lancée en septembre 1983 par Hu Qiaomu. Contrairement à ce que l’on pense, cette campagne n’était pas tout à fait une remise en cause des progrès réalisés depuis 1978. Elle se voulait centrer dans le rééquilibrage politique qui penchait depuis en faveur des forces conservatrices.
Condamné à rentrer dans le rang, Ma Jian décide de fuir « en avant ». Au vue de son budget limité, il se retrouve vagabond sur les routes de son pays immense, avec dans la poche quelques adresses d’amis à visiter.
Ce livre relate le parcours d’un « vagabond céleste » pendant les trois ans que dura son périple.
Il y eut une quête spirituelle : il prononce ses vœux bouddhistes laïques tout en continuant à se poser des questions ; une quête sur soi : se connaître soi-même avant de découvrir les autres puis les épreuves aidant il prit acte de ses limites physiques ; une quête découverte d’un autre ailleurs et l’ouverture aux personnes semblant vivre sur une autre planète ; une quête journalistique, photographique et reportage écrit, parsemée ça et là de curiosités touristiques. Son parcours se transforme peu à peu en travail d’ethnologue avide de noter les moindres détails d’une peuplade ou d’une autre encore marquées par des us et coutumes ancestrales.
Son travail de journaliste lui facilite la prise de notes minutieuses, bien que la dimension artistique de son regard apporte une sensibilité d’humaniste parfois contemplatif, souvent admiratif, au final simplement philosophique.
Cherche-t-il la foi, ou bien un sentiment de sécurité ?
Devenu vagabond déraciné, est-ce Bouddha qui guide son chemin ?
Ouvert à toutes les réponses, il s’abandonne aux marques du destin qui jalonnent sa route. Jusqu’au jour où, au Tibet, la lassitude prenne le dessus et naisse en lui le besoin viscérale de retrouver ses repères citadins.
Quelques notes :
« Les gens passent leur temps à se battre les uns contre les autres alors que le véritable ennemi est le temps lui-même. »
Ma Jian présente un peu de sa philosophie de vie à Ai Xin, une amie croisée en cours de route. Elle lui demande :
— Qu’est-ce que tu recherches ?
— Je veux voir mon pays, en connaître chaque rivière, chaque montagne. Je veux voir des gens différents, connaître des manières de vivre différentes.
— Pourquoi voyages-tu ?
— La Chine est un trou noir, je veux plonger dedans. Je ne sais pas où je vais, je sais juste que je devais partir. Tout ce que j'étais, je le porte en moi ; tout ce que je serai m'attend sur la route que je veux prendre. Je veux penser debout, être en cavale perpétuelle. Plus jamais je ne supporterai de passer ma vie enfermé dans une pièce.
— Tu veux changer ce pays ?
— Je veux juste le connaître, le voir de mes propres yeux...
Pas de comparaison possible entre Kerouac et Ma Jian. Le seul point de convergence provient de cette volonté commune des deux écrivains à vouloir parcourir leur pays respectif.
Question écriture, je trouve que Ma Jian jongle avec les mots, les idées, les réflexions sur sa quête perpétuelle d'un autre ailleurs.
À Běijīng son professeur d'art lui dit : « ...que la peinture peut-être dangereuse particulièrement celle représentant des personnages. Il vaut mieux produire des paysages... L'écriture est moins risqué pour moi. Je peux me cacher dans un labyrinthe de mots, parmi les détails de la vie des gens »
Est-ce cette forme de retenue qui donne l'impression que « les auteurs de romans chinois contemporains ont un niveau culturel proche de zéro, qu'ils écrivent mal, ils sont lâches et n'ont aucun courage... » dixit Wolfgang Kubin, professeur d'études chinoises à l'université de Bonn ?
Il me semble, sans vouloir détenir la vérité, que les écrivains vivant en Chine ne sont toujours pas libres de ce qu'ils produisent.
Il faut vraiment que les auteurs vivent à l'étranger pour se libérer des contraintes politiques.
J'imagine qu'il est trop tard pour recommander ce roman qui paraît déjà vieux. De mon côté, et dans l'état modeste de mes connaissances du pays, c'est le livre que je retiens et que je propose aux jeunes qui désirent s'immerger dans une civilisation bien éloignée de la nôtre
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[Chemins de poussière rouge | Ma Jian] |
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BMR
Sexe: Inscrit le: 30 Avr 2007 Messages: 155 Localisation: Paris
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Posté: Lun 30 Avr 2007 21:33
Sujet du message: [Chemins de poussière rouge | Ma Jian]
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Aux éditions de l'Aube, un passionnant et autobiographique récit de voyage : Chemins de poussière rouge de Ma Jian, un chinois exilé à Londres avec donc une écriture tout à fait occidentale.
Dans les années 1980, Ma Jian est un intellectuel dissident à Pékin, et pour fuir les tracasseries politiques, il se lance dans un périple à travers la Chine de Den Xiaoping : un voyage très pittoresque, riche de culture et vraiment passionnant dans les profondeurs de l'immense Chine, du Pacifique aux déserts et jusqu'aux confins du Tibet.
Quelques extraits apéritifs :
"L'homme qui dort dans le lit à côté du mien ronfle bruyamment. Il va finir par me rendre fou. Il est chauffeur routier. Il a toujours peur que quelqu'un lui vole son essence la nuit, il a donc roulé ses barils jusque dans le dortoir. Les vapeurs sont asphyxiantes. Je pars demain dès que je me lève."
"C'est agréable de passer une journée à écrire des lettres. On a l'impression de voyager à travers l'espace."
"Ma pauvreté me permet de me déplacer aussi librement qu'une feuille au vent, mais, parfois, j'aimerais qu'une pierre me tombe dessus et me cloue au sol."
"Je me souviens de la légende des collines au Sable chantant. Une armée de guerriers impériaux campait une nuit dans le désert et une soudaine tempête de sable les enterra vivants. On raconte que, si le vent souffle dans la bonne direction, on peut entendre les fantômes des soldats hurler à l'intérieur des dunes."
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