Edogawa Ranpo est considéré comme le père de la littérature policière japonaise.
Écrit dans les années 20, "La proie et l'ombre" est un roman intemporel. Sans doute est-ce dû en grande partie au fait que le contexte de l'intrigue n'a pas vraiment d'importance. Le récit est principalement centré sur ses personnages, et sur les subterfuges développés par Edogawa Ranpo pour insuffler à son roman tension et suspense...
Les ficelles qu'il utilise pour ce faire sont par ailleurs classiques, mais efficaces, car elles le sont avec maîtrise. Il sait jouer avec les apparences, pour nous surprendre avec de tardifs rebondissements, et dote son héros d'un esprit de déduction qui n'est pas sans évoquer un Sherlock Holmes... Ses retournements de situation sont parfois machiavéliques, et mystérieux, dans la mesure où, même une fois la dernière page tournée, le doute subsiste encore quant au fin mot de l'histoire...
Mais ce qui fait véritablement la particularité des romans d'Edogawa Ranpo, ce sont leurs étranges et sulfureuses atmosphères. Il flotte sur ses textes un parfum de sensualité trouble, de désirs inavouables.
Cela commence, ici, avec l'excitation qui s'empare du narrateur à la vue des zébrures -des traces de coups de fouet ?- qu'il aperçoit dans l'échancrure du kimono de Shizuko... Lui-même auteur de romans policiers, il a fait la connaissance de cette femme séduisante (accessoirement l'une de ses lectrices) lors d'une visite dans un musée. Elle lui confie bientôt son angoisse : harcelée et menacée par un amour de jeunesse, qui, plusieurs années après avoir été éconduit, a retrouvé sa trace, elle craint pour sa vie et celle de son mari, à qui elle n'ose avouer la persécution dont elle est victime...
Sous le charme de la belle Shizuko Oyamada, il accepte de mener l'enquête afin de mettre la main sur l'ex fiancé.
Je reste quant à moi sous le charme de l'habileté d'Edogawa Ranpo, qui m'a entraînée sans peine dans son univers de faux-semblants et ses incursions au cœur de la perversion et de la duplicité.
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