C’est l’émouvant souvenir de lecture de l’Américain, récit cathartique du même auteur, qui a aiguisé ma curiosité. Puis, livre en main, la quatrième de couverture, qui semblait vouloir laisser la part belle à Marseille ; la dédicace « A Marseille, ma merveille ». De tout cela, je me réjouissais d’avance.
Certes, le roman nous promène de la Corniche au Prado, de La Plaine aux quartiers Nord. Bien sûr, le héros pêche la daurade dans les calanques, mais disons le tout net, l’aïoli ne prend pas. FOG a potassé son Dictionnaire du marseillais (rendons-lui cet hommage : il cite ses sources) et, en guise d’ambiance, il saupoudre proprement son roman : pitchoun, rascous, frottadou, et autres estrasses, une vraie liste ! Proprets aussi les dialogues, un peu ternes, malgré quelques touches d’argot fleuri. Beaucoup de clichés, d’énumérations, sans charmes de mon point de vue, mais en voici un extrait : « Un orage couvait. Un sale orage, exterminateur de cigales, de chaussures, de pousses d’herbe et de bien d’autres choses. » Où sont les odeurs, où est la lumière !
Les personnages non plus n’ont guère d’épaisseur : ils tuent, ils torturent, ils pleurent, ils aiment, bien à plat sur la feuille, il me manque du relief, du détail, la vie quoi ; vé, ces genss, ils sont minces comme des limandes ! Ils exécutent, perpètrent, agitent leurs flingues et gobent du Stilnox ou du GHB.
Dommage, rien que le nom du héros, c’était tout un programme, une vraie promesse. Charly Garlaban, en jean troué, son sac en plastique à la main, un charmeur, un qui a vécu, un mauvais garçon qu’on aimerait connaître mieux… mais aussi le nom d’un massif près d’Aubagne, aux odeurs de pinèdes et aux tendres noms de lieux : le Vallon des Escaouprès ou le Vallon de Passe-Temps…
Allez, juste pour voir si le vieux Charly y prend de l’épaisseur, et si la belle commissaire Sastre a encore de l’eczéma, j’irais zyeuter « Le Lessiveur », une suite des aventures de l’Immortel, parue le mois dernier.
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