Je m’attendais à un roman grave et sérieux…
A ma décharge, je ne connaissais pas Elmore Leonard, et sans doute ai-je été induite en erreur par cette sombre couverture.
Et d’ailleurs, le début de l’histoire a d’abord conforté cette impression : nous sommes au Rwanda, juste après le génocide des Tutsis par les Hutus. Terry Dunn, missionnaire américain en charge de la paroisse d’Arisimbi, ne confesse plus les fidèles dans l’enceinte de son église depuis que les corps des 47 personnes qui ont été assassinées sous ses yeux y pourrissent.
Suite au décès de sa mère, il rentre aux Etats-Unis.
Bien vite, nous découvrons que le Père Dunn est un drôle de prêtre, qui se contente de dire la messe à Pâques et pour Noël, et qui entretient avec sa gouvernante Rwandaise des relations que l’on peut difficilement qualifier de chastes ! Et le reste du récit est à l’avenant, peuplé de personnages hauts en couleur, qui contournent avec allégresse les règles de la morale, de la légalité et de la bienséance.
Sous le couvert d’une intrigue aux ingrédients somme toute banals (meurtres et arnaques…), Elmore Leonard envoie valser avec insolence les pseudos valeurs sûres censées consolider de leur ciment l’équilibre de nos sociétés dites « civilisées » -la justice et la religion, notamment- et nous rappelle que « l’habit ne fait pas le moine » (c’est le cas de le dire !), l’humanité se dissimulant parfois sous des apparences trompeuses.
Et là où il fait fort, c’est qu’en même temps qu’il fait preuve d’un sens de la dérision parfois hilarant, cela ne l’empêche pas de traiter par ailleurs avec beaucoup de justesse le thème du génocide rwandais.