C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Pascal Dessaint. "Mourir n'est peut-être pas la pire des choses" est un roman qui se dévore, porté par une intrigue à perspectives multiples, un rythme parfaitement maîtrisé et une galerie de personnages fort attachants.
Le meurtre de Jérômine Gartner, dont le corps, curieusement détendu, est découvert dans son appartement toulousain, est le point de départ d'une enquête qui mène le lecteur tour à tour dans la jungle philippine et la douceur de la campagne charentaise, au gré d'allers-retours entre passé et présent.
Les quelques faibles pistes sur lesquelles se lance l'inspecteur Félix Dutrey, et surtout la narration polyphonique dont Pascal Dessaint a fait le choix, nous permettent de reconstituer une histoire à la fois triste et touchante. Il y est question du refus de rester passif face aux dégâts qu'inflige l'homme à la planète, de la fragile pérennité des idéaux de jeunesse, des compromissions que l'on accorde trop facilement à la pseudo sagesse de la maturité, aux dépens de beaux principes réduits à l'état de regrets...
Vous l'aurez compris, le roman de Pascal Dessaint, au-delà de son intrigue policière, finalement secondaire, et en résonance avec les problématiques chères à l'auteur, ouvre le débat sur de douloureuses questions de société, et sur l'avenir d'une humanité destructrice, ayant perdu le contact avec son environnement naturel.
Face à la difficulté de concilier idéologie écologiste quasi obsessionnelle et passage à l'action, certains de ses personnages s'empêtrent dans leurs contradictions, quand d'autres, croyant aller au bout de leur engagement, doivent mener un combat de chaque seconde contre la désillusion.
"Mourir n'est peut-être pas la pire des choses" est un récit profondément pessimiste, à l'ambiance pesante, où l'intérêt de découvrir le meurtrier de Jérômine le dispute à l’écœurement que provoque en nous le constat désabusé de l'auteur sur l'état du monde.
A lire tout de même, bien sûr !
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