"A rebours" est considéré comme une œuvre à part dans l'histoire de la littérature, et dans la bibliographie de son auteur, qui ne réitéra jamais ce genre d'expérience romanesque. Avec ce roman, Joris Karl Huysmans avait pour but d'échapper à l'impasse du naturalisme, et de tenter d'ouvrir une voie nouvelle dans la littérature".
Je viens, plus ou de moins, de paraphraser Wikipédia, dont ces quelques lignes résument les différentes analyses que j'ai pu lire à propos de ce roman. En ce qui me concerne, j'ai le sentiment d'être passée à côté de cet ouvrage sans doute fort intéressant, mais auquel je n'ai pas vraiment accroché...
L'écriture de Joris Karl Huysmans est certes -comme d'habitude- irréprochable, et m'a offert quelques moments de plaisir, par son érudition, son sens du détail significatif, son talent pour nous faire vivre les états d'âme de son personnage principal.
Seulement, ces passages alternent avec de longues descriptions fort rébarbatives à mes yeux, qui prennent parfois des allures de pages de catalogue ! J'ai subi, entre autres, l'exposé très précis des travaux (couleurs des tapisseries, emplacement des meubles, choix des tissus...) que le héros fait effectuer dans sa maison, ou encore l'énumération des mérites ou défauts respectifs des auteurs composant sa bibliothèque latine...
L'auteur fictif de ces fastidieux "inventaires", c'est Des Esseintes...
Lassé d'une vie de débauche et de plaisirs qui finit par lui sembler vaine, ce citadin se retire de la vie publique qu'il menait à Paris pour vivre tel un reclus dans une maison de Fontenay-aux-Roses.
Au cours de cet isolement, il épuise tout un arsenal d'occupations diverses, tentant de combler un désœuvrement qui finit toujours par le rattraper. Il donne l'impression, lors de la réalisation de ces passe-temps (qui vont de la collections d'espèces botaniques particulières à l'acquisition d'une tortue qu'il fait parer de pierres précieuses), de vouloir se prouver à lui-même son sens du raffinement, sa capacité à apprécier l'art et la beauté véritables.
En effet, il manifeste parallèlement son dégoût vis-à-vis d'une société devenue bornée, intolérante et légitimiste. De même il méprise la nouvelle génération, constituée de rustres qui méprisent l'art et la littérature, et qui ont fait de l'argent, du vulgaire et de la politique leurs principales valeurs.
Des Esseintes m'a surtout semblé traverser un épisode dépressif, qui l'amène à s'interroger sur ses convictions (il se surprend à remettre en question son agnosticisme), et sur la place qu'il peut occuper dans un monde qu'il ne comprend plus, avec lequel il se sent en décalage.
A travers certaines de ses réflexions, on devine les tâtonnements psychiques et intellectuels d'un auteur en train de rompre avec le mouvement naturaliste, et qui, dans sa quête d'une réponse à ses angoisses, se tournera vers la foi.
Malheureusement, malgré l'intérêt que peut présenter ce récit, et pour la raison évoquée plus haut, c'est surtout avec un sentiment de déception que je ressors de ma lecture.
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