Un coup de coeur avec cette lecture.
Les personnages de ce roman vont m'accompagner un long moment c'est certain.
Il n'est pas à classer dans les romans historiques mais on y apprend beaucoup sur différents sujets : l'ambiance des années 60, la guerre d'Algérie, la guerre froide des pays de l'Est. Il y a aussi la littérature, la photographie, les échecs.
Cela peut paraitre beaucoup pour un seul livre mais ce n'est à aucun moment lourd ou "pompeux", au contraire l'écriture reste légère alors que les thèmes abordés sont pour certains graves voir dramatiques.
j'ai à la fin du livre relu aussitôt le premier chapitre....je vois que je ne suis pas la seule a l'avoir fait!! :)

Paris, 1959. Le jeune Michel Marini passe du temps dans les bistrots pour jouer au babyfoot mais dans une salle du troquet se réunissent chaque jour des hommes mystérieux et ce "secret" finit par lui peser : il découvre là un groupe d'immigrés d'Europe de l'Est, surtout des Russes, qui jouent aux échecs et se chamaillent toute la journée. Michel finit par se joindre à ce club et à mieux connaître les individus qui le composent, tous arrivés en France dans des conditions tragiques ou rocambolesques...

J'ai beaucoup aimé ce roman, certes un pavé mais dans lequel on ne s'ennuie jamais, grâce au rythme des récits entrecroisés, ceux de Michel (son adolescence, une famille qui se déchire, la guerre d'Algérie, le bac, les premières amours) et ceux des membres du club, à l'histoire personnelle très chargée. Les petites histoires croisent la grande Histoire, on rencontre Kessel et Sartre, on saisit l'atmosphère de ces années 60 au cours desquelles des changements s'annoncent dans la société, bref, pas de temps mort et au final, un roman tout à fait captivant, dont je comprends qu'il ait obtenu le Prix Goncourt des Lycéens (comment n'auraient-ils pas pu se reconnaître dans le personnage à fleur de peau de Michel ?)

J'ai trouvé cette histoire très longue, souvent ennuyeuse et je n'ai vraiment accroché qu'en dernière partie.

Très bon livre , je le conseille vivement .
L'auteur nous dévoile peu à peu les personnages que rencontre le héros ; il y a des non dits , des secrets . Je trouve l'ensemble intelligent, c'est le seul adjectif qui me vient à l'esprit ; car pas d'ennui grâce à l'alternance des sujets dramatiques et de la vie de l'adolescent ; pas de jugement sur les guerres , les prises de position : les hommes sont ce qu'ils sont avec des faiblesses , des idéaux.

J M Guenassia :un auteur à suivre

Commentaires de Gérard :
J'ai bien apprécié ce roman dans lequel il y a vraiment beaucoup de choses différentes. Même si on peut parfois lui reprocher ce foisonnement, il est intéressant de passer des problèmes d'adolescence du personnage principal (qui a juste l'âge que j'avais à cette époque et évolue dans des quartiers que je connais bien) et de ceux de ses parents d'origines sociales distinctes, aux questions posées par la guerre d'Algérie et le retour des pieds-noirs, et surtout aux victimes expatriées des dictatures des pays de l'est.
Les personnages (même s'ils sont parfois odieux) sont tous attachants et l'ambiance des années soixante, sur fond de rock'n'roll, est parfaitement rendue
Je n'ai qu'un reproche : le 1er chapitre, qu'on ne peut vraiment apprécier qu'en le relisant après le dernier, sinon, ce qui s'y passe reste mal compris…

Finalement, le Goncourt des Lycéens est souvent un excellent choix !

et de C-Maupin :
Ce roman, histoire d'un adolescent dans les années soixante raconte les histoires à la fois proches et diverses des émigrés russes qu'il rencontre au club d'échecs des incorrigibles optimistes. Et quel optimisme volontaire il faut pour survivre sans aucune nouvelle de sa femme et de ses enfants !
N'ayant que quelques années de moins que Michel, il y a eu pour moi beaucoup de nostalgie dans cette lecture où bien des événements de ma jeunesse sont évoqués.
Ce roman est en général bien écrit (mais pourquoi l'auteur s'obstine-t-il à écrire "il a le droit à" ?).
Les différentes histoire et le fil conducteur de l'histoire de Michel gardent le lecteur en haleine, les émois de l'adolescence et les difficultés de communication (des adolescents bien sûr, mais aussi des adultes) sont bien évoqués, les personnages ont de la présence, tous avec leurs qualités et leurs défauts, quels que soient leur bord, leur passé, éventuellement leurs crimes.

Un des meilleurs livres que j'ai lu depuis ce début d'année. Difficile de concentrer ce roman de presque 800 pages en quelques lignes. Si l'on veut faire simple on peut classer le livre de J M Guenassia dans la catégorie des romans d'apprentissage : Années 1960, un adolescent parisien qui préfère le baby-foot aux maths se lie d'amitié avec une bande d'éxilés politiques ayant fui leur pays ; ces dits pays étant bien sûr des pays "de l'Est", la guerre froide battant son plein.
Michel (c'est le prénom du "héros") va découvrir, à fréquenter ces hommes, ce que signifient les mots trahison,abandon,fidélité,amitié....et il va surtout se forger une ligne de conduite pour la vie à venir qui sera toujours dictée par un optimisme inébranlable. Car ces hommes en quittant leur pays ont tout abandonné, famille,situation souvent avantageuse; ils se retrouvent en France livrés à une administration tatillonne et au déclassement social.Le pire ils l'ont déjà vécu, le pessimisme n'est pas de mise quand vous avez eu l'insigne chance d'être encore vivant et de vivre dans un pays libre. Cet optimisme Michel va essayer de l'appliquer à sa propre existence. Car c'est le talent de JM Guenassia de construire son roman de deux parties parallèles qui se chevauchent au grè des chapitres. Au monde du "Club des incorrigibles optimistes" qui se réuni au "Balto" place Denfert-Rochereau et sur lequel plane un non-dit de trahison,fait écho un univers familial étouffant sur lequel plane cette même trahison. Tout le livre est ainsi bâti en écho ; une avanie subie par Michel dans sa "vie privée" est immédiatement répercutée au "Balto" lors d'une partie d'échecs (place très importante du jeu dans le roman...) avec ses "incorrigibles optimistes". La trahison est partout. Dans cette famille bourgeoise désunie qui voit les parents issus de milieu différents se déchirer, se séparer...Dans le milieu scolaire où les meilleurs amis vous quittent...Dans la relation qu'entretient Michel avec Cécile la seur de son meilleur ami et qui disparait du jour au lendemain...Meilleur ami qui lui aussi trahit d'une certaine façon ; engagé volontaire en Algérie il y est tué...
L'auteur, a la fin de son livre,nous dévoile enfin le secret que déjà depuis queques dizaines de pages il nous laissait entrevoir. Ce secret c'est le summum de la trahison. Et il élargit d'un seul coup le paysage du roman. Il nous laisse devant un gouffre béant de malheur et de tristesse.
Cette fin qui pourrait paraître terriblement ...pessimiste sert par un jeu de pirouette au premier chapitre du roman qui débute 15 ans après les faits relatés... un premier chapitre ou l'on fait connaissance de Michel lors de l'enterrement en 1980 de Jean Paul Sartre....Car ce n'est pas la moindre qualité de ce livre que de titiller notre nostalgie de nos années d'enfance et d'adolescence : les marques de voitures, les réunions de famille interminable, la guerre d'Algérie, De Gaulle, la TV noir et blanc,et puis un Paris définitivement passé par pertes et profits...un Paris avant le grand ravalement décidé par Malraux, presque un Paris d'avant-guerre.

Nous suivons l'adolescence de Michel, il a quelques passions, le baby-foot et le rock. A celles-ci s'ajoutent la lecture et la photographie. Michel va croiser des personnes de toutes nationalités, Sacha, Igor ....Il va cotoyer des personnages illustres, Sartre, Kessel...

Mais notre jeune narrateur verra son existence changée par la découverte d'un drôle de club d'échec dans l'arrière salle du Balto, bar où il vient défier le quartier dans des parties de baby-foot acharnées.

Michel réussit à se faire accepter et l'arrière salle du Balto lui tient lieu de deuxième maison. Attendris par cet enfant silencieux, les membres du club confient à Michel leur passé : tous ont plus ou moins fui le régime stalinien, chacun à une histoire insolite (parfois belle, souvent terrible).

La vie du petit Michel n'est pas simple, La famille est souvent divisée, sa mère, fille d'une famille algérienne et son père, fils d'un ouvrier italien, communiste. La tension est toujours palpable dans la maison.
Ce livre révèle toute la vie d'une époque, c'est une chronique sociale des années 60, avec la guerre d' Algérie.
De nombreux personnages sont cités, sans que jamais nous, lecteurs, perdions le fil de l'histoire.

Ce livre a été lu dans le cadre d'un comité de lectures.

Malgré ses sept cent pages se gros pavé se lit relativement vite car Guenassia à une écriture asses simple,mais se qui en fait son charme c'est tous les personnages du club des incorrigibles optimistes et ils me manque déjà.

Un livre qui m'a emportée. Très bien écrit.