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[Stalingrad | Antony Beevor] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Dim 07 Fév 2016 14:22
Sujet du message: [Stalingrad | Antony Beevor]
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Bérézina bis repetita.
Stalingrad, de juillet 1942 à janvier 1943, est une apocalypse guerrière et meurtrière avec un million de morts atroces en six mois. Objectif secondaire pour les Allemands après l’or noir du Caucase, la ville russe sur la Volga devient ensuite une obsession et une cible idéologique prioritaire. La Russie est démesurée, rude et vide pour un esprit européen. L’Allemand y perdra ses repères et ses certitudes, diluant ses forces dans un espace qui le dépasse et l’engloutit. Le Russe défend son territoire, l’âme chevillée au corps d’autant que les Slaves et les Juifs sont systématiquement exterminés par les Einsatzgruppen à l’arrière du front (Shoah par balles, deux millions de morts). Jetés dans l’enfer sans arme ni préparation, les civils vont payer le prix fort. Le NKVD, sinistre Commissariat du peuple exécute les ordres contradictoires et inconséquents de Staline, despote paranoïaque. Les Purges staliniennes de 1938 ont privé l’armée soviétique d’excellents officiers et soldats. Aucune coordination n’existe entre les corps d’armée russe. Leurs aviateurs sont inexpérimentés. Les pertes sont colossales d’autant qu’aucune reculade n’est possible. Les ordres de Staline sont définitifs. Tout repli est une désertion frappée de mort. La famille du soldat fautif sera elle-aussi condamnée. Pour Hitler et Staline, la vie des autres n’a aucune valeur.
Mené tambour battant par l’historien anglais Antony Beevor ayant eu accès aux archives soviétiques en 1991, « Stalingrad » se découpe en cinq chapitres, relatant en premier lieu le début de l’invasion allemande en Russie, baptisée « Opération Barbarossa », dès le 22 juin 1941. Dans le premier chapitre intitulé « Le monde retiendra son souffle », la Wehrmacht est mise en avant grâce à sa supériorité tactique, humaine, matérielle et logistique dans son avancée fulgurante vers Moscou où l’hiver et l’acharnement russe l’attendent déjà. L’Allemagne hitlérienne va subir le premier revers militaire de sa brève histoire. La deuxième partie : « La relance de Barberousse » avec la nomination de Paulus au commandement de la Sixième Armée dévide la course des Allemands qui reprennent l’offensive en pointant leurs forces vers le Caucase et Stalingrad. D’abord écrasés sous les bombes de la Lufthansa, les habitants et les militaires russes se ressaisissent, s’organisent et s’acharnent à défendre leur ville martyre quand les Panzers et les fantassins allemands accostent aux rives de la Volga. Les trois autres chapitres, aussi hallucinants qu’épouvantables, entrent dans le vif des sujets avec la bataille proprement dite et la reddition des Allemands.
Le lecteur peut apprécier la narration agréable de l’auteur en dépit des faits effroyables retranscrits mais regretter des confusions et l’absence de vision globale du conflit. Il aura été malaisé pour Antony Beevor de relater concomitamment le conflit au niveau individuel, collectif, allemand et russe. En revanche, les incohérences humaines et tactiques dues à Hitler, « stratège en chambre », Staline et le NKVD sont bien rendues. Elles sont à l’origine des désastres annoncés.
La conquête d’un « espace vital » à l’Est est devenu pour l’Allemand de cette époque la découverte d’un espace létal, sans fleur ni couronne. Napoléon et sa Bérézina historique n’auront pas permis le sursaut salutaire face à l’orgueil humain aussi démesuré que des territoires dont l’horizon semble infini.
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[Stalingrad | Beevor Antony] |
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