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Les notes de lectures recherchées |
5 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : alpes, braconnage, braconnier, chamois, chasse, chasseur, italie, montagne, mort, nature, solitude
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[Le poids du papillon | Erri De Luca] |
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Auteur |
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Message |
andras
Sexe: Inscrit le: 20 Sep 2005 Messages: 1800 Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
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Posté: Ven 09 Juin 2017 13:00
Sujet du message: [Le poids du papillon | Erri De Luca]
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Commentaires : 1 >> |
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Une ode à la nature, à la solitude, au temps qui passe. Un beau poème en prose de l'écrivain italien. J'ai failli toutefois écrire "poème en pose". C'est vrai que l'écrivain y prend un peu la pose. Le deuxième texte ("La visite à l'arbre") est magnifique.
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[Le poids du papillon | Erri De Luca] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 20 Déc 2011 21:37
Sujet du message: [Le poids du papillon | Erri De Luca]
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Commentaires : 0 >> |
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Un homme et un animal, tous deux déclinant, à l’automne de leur superbe, se cherchent et se trouvent. L’un est chasseur aguerri de chamois, l’autre roi d’une harde. Ils se devinent dans l’approche, se pèsent du regard, le grand chamois s’amusant des approximations de l’homme. L’homme, pourtant, connaît ses limites et acceptent avec humilité sa condition. Dans la vallée, on l’appelle le roi des chamois alors qu’il se considère comme un voleur de bétail. Alpiniste de haut vol, il se sait pataud : « il avançait sur les parois à quatre pattes sans une once de leur grâce. » Puis vient le papillon blanc, son vol saccadé. A soixante ans, l’homme se sait faillible. Les forces périclitent insensiblement. Le souffle se fait plus court : « Sa vie au gré des saisons était allée avec le monde. Il l’avait gagnée tant de fois mais elle ne lui appartenait pas. Il fallait la rendre, froissée après avoir été utilisée. Quel était ce créancier indulgent qui la lui avait prêtée neuve et la reprenait usée, à jeter ? » Novembre est le mois des fatigues. Le papillon se pose sur les bois de l’animal altier. La rencontre est inévitable. La mort n’a pas la même issue pour les hommes et pour les bêtes. Le papillon, « le poids des années sauvages », « la plume ajoutée au poids des ans », l’irrésistible affaissement sous le faix des ans.
Le livre d’Erri de Luca est admirable par la concision de l’histoire sertie dans une économie de mots. La couverture du livre est une jaquette sur laquelle dominent le bleu crépusculaire et la silhouette d’un chamois en contre-jour. En l’ouvrant, on pourrait presque imaginer le déploiement d’un papillon. Le bref récit a la portée d’un conte et la force d’une parabole. Les mots français traduits de l’italien portent une saveur unique. Précis, travaillés, polis, ils décrivent exactement la réalité et conservent toute leur force dans des phrases ramassées. La poésie est à l’œuvre. Elle se dégage à travers des métaphores nées d’une observation aiguë de la réalité. Bien des choses essentielles sont effeuillées en passant telle la solitude ou encore la difficulté ontologique à vivre pleinement l’instant. Chaque page contient au moins une phrase remarquable. L’auteur est un alpiniste chevronné et un observateur sensible de la nature. Longtemps ouvrier, il est arrivé tardivement à l’écriture. Les mots n’ont pas le même poids ici. Ils possèdent une densité rare et produisent des phrases épurées, au plus près de ce que pèse un homme.
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