En onze nouvelles, onze instantanés de vie, Brady Udall nous plonge dans "l'Amérique profonde", celle des petits patelins paumés d'Utah et d'Arizona où il ne se passe jamais rien. Pourtant, c'est bien là que Brady Uddal situe tous ses récits, et il sait tromper l'ennui et la normalité malsaine des bleds où ces nouvelles prennent place par un recours naturel au comique et une générosité humble mais réelle.
Dans ces onze nouvelles, pas de femmes, ou presque. Elles sont parties, ou mortes. Quant aux hommes, ce sont ceux en marge de la société américaine : indiens, petits-blancs, derniers cow-boys, vieux fous, jeunes campagnards. Ils rongent leurs existences, conduisent des pickups, vivent de petits boulots, éclatent épisodiquement en échauffourées alcooliques qui nourrira la conversation des prochaines semaines... ils semblent en attente de quelque chose d'indéfini, comme assis au bord de la vie.
De ces destins pathétiques et morceaux de vie insignifiants, Brady Udall tire la trame de récits captivants, souvent cocasses, parfois légèrement dérangeants et toujours un peu déjantés. Car Brady Udall a un talent fou pour raconter des histoires à la fois improbables et bêtement plausibles. Et chacune de ses nouvelles, fictions sinueuses, est illuminée d'un humour en demi-teinte, d'une ironie voilée et du charisme involontaire de protagonistes résolument paumés mais étrangement attachants.
En une poignée de pages, Brady Udall mène sobrement son récit vers une chute qui n'en est pas vraiment une, car la vie, aussi pitoyable et désespérante soit-elle, doit continuer...
le cri du lézard