Mœbius a fait un rêve. Taniguchi l’a dessiné. Le mythe d’Icare inspire de façon lointaine le manga paru initialement dans l’hebdomadaire nippon Morning en juillet 1997 dans une indifférence relative. Son édition sous forme d’album en l’an 2000 a réveillé les appétits des éditeurs et l’intérêt des lecteurs.
Dans un Japon futuriste, un bébé naît en lévitation et suscite immédiatement la convoitise du gouvernement fasciste. Pendant une vingtaine d’années, Icare est incarcéré pour être étudié dans le plus grand secret mais sa personnalité s’affirme à mesure que sa libido s’active. Icare est amoureux de son infirmière et à partir de cet instant décisif, plus rien ne se déroule comme prévu. Icare s’envole, brise ses liens et rejoint le ciel. La chasse à l’homme volant commence…
Mœbius a noirci des milliers de pages sans jamais douter de son histoire mais il a fallu revoir le projet à la baisse. La version donnée par Taniguchi est lapidaire. La place est laissée au dessin exceptionnel du mangaka virtuose. Les paroles sont plutôt rares mais cela ne nuit en rien à la compréhension de l’histoire. Le dessinateur japonais a coulé son trait dans celui de Mœbius et le résultat est assez soufflant. Le lecteur reste cependant sur sa faim quand arrive la 284e et dernière page. On sent bien que toutes les pistes n’ont pas été explorées ou assez fouillées. On respire l’air de la mièvrerie. Alors qu’Icare aurait dû chuter, il s’envole avec sa dulcinée dans les nuages. Tanaka, homme éprouvette aux pouvoirs mentaux destructeurs, n’est pas assez exploité. On ignore les tenants et les aboutissants des attaques kamikazes de terroristes qui frappent la ville et qui se font exploser. La force sexuelle devait constituer le moteur du récit, l’éveil d’Icare, son envol et sa chute. Tout a été édulcoré. Reste un livre hybride dans l’art de raconter une histoire en bandes dessinées, à cheval entre l’Europe et le Japon, une « exception culturelle » comme le dit Mœbius dans son interview avec Numa Sadoul retranscrit en fin de volume.
Un matin, un nouveau-né fait une apparition fracassante dans le monde : il vole, tel un oiseau et laisse les scientifiques désemparés... L'armée s'empare de ce phénomène qu'elle baptise Icare et elle le tient au secret de longues années. Mais Icare grandit, devient un beau jeune homme et surtout, il tombe amoureux d'une des scientifiques qui étudient au labo où il est retenu prisonnier...
Un manga intéressant, résumé d'une série paru en plusieurs épisodes à l'origine et fruit de la collaboration de Moebius avec le mangaka Taniguchi. Poétique, ce livre me laisse pourtant sur ma faim. J'aurais aimé que le raccourci de l'histoire soit moins rapide...