Que de courage et de renoncements il fallut à Annette et Éric pour déposer leurs maigres bagages chez Paul, dans cette vieille ferme pleine de présences aveugles.
Une petite annonce lancée comme une bouteille à la mer les a réunis malgré leurs mondes si éloignés, si dissemblables.
Marie-Hélène Lafon nous entraîne dans les méandres tortueux des vies bien ordinaires. J'ai bien envie de lire d'autres romans de cette auteure.

Un très beau texte, court mais suffisant, sur le couple, la solitude, la rencontre et la réparation des âmes et des coeurs. Une image également très juste de la vie à la campagne je trouve. Un bon petit roman, très bien écrit.

En parcourant les premières pages, les personnages m'ont immédiatement fait penser au film de Raymond Depardon "la vie moderne". Et la suite a confirmé, même manière précise de décrire les travaux de la ferme, même regard respectueux sur les personnes (les personnages dans le roman), même attachement à la vie paysanne. Le roman plonge dans les silences du film, explicite la confrontation monde paysan/monde urbain économiquement sinistré de villes du nord.
C'est une belle histoire de rencontres, celle d'un homme et d'une femme de ces univers si éloignés, mais aussi celle d'un enfant avec la nature et les animaux.
J'ai aimé aussi l'écriture de ce roman, ciselée et "tenue".
NB : Savoureuse, l'histoire de la Mimi Caté qu'il ne fallait pas confondre "avec la Mimi du Bourg, ou la Mimi Santoire des Chazeaux, d'où l'adjonction solidement ancrée dans les moeurs du sobriquet limpide de Caté, attaché à la maisonnée depuis qu'une arrière-grand-tante de ladite Mimi, restée fille, était tombée en grave dévotion, secondant le prêtre de la paroisse dans la délicate mission d'inculquer à la jeunesse les rudiments de la religion avant s'abîmer, corps et biens de famille compris, à plus de quarante ans dans un lointain carmel de l'est de la France"