J'avais déjà lu ce livre au lycée. Il m'avait fort marqué par les thèmes abordés (vieillesse, approche de la mort, perte d'un être cher) et les pensées philosophiques d'Hadrien autour de ces thèmes. Le côté historique s'était par contre complètement échappé de ma mémoire. Pas bien grave, car 10 ans plus tard, cette seconde lecture me laisse les mêmes impressions : un ton nostalgique sur ce qui fût et n'est plus, un retour sur une vie bien remplie avec un regard plein de sagesse, le désespoir de perdre un être aimé qui se sacrifia par amour et celui de se voir lentement glisser dans la maladie. Les Mémoires d'Hadrien ne peuvent pas laisser de marbre. Le livre n'est pas facile d'abord mais vaut vraiment la peine d'être lu.

L'empereur Hadrien sent sa mort venir à lui. Il écrit alors une lettre à son petit-fils adoptif Marc-Aurèle qui va lui succèder.
En fait de lettre c'est une "autobiographie" d'Hadrien depuis sa jeunesse jusqu'au soir de sa vie, avec la description de sa vie politique, de ses réalisations d'homme d'état, de son grand goût pour la Grèce, pour l'art...
Cette lettre est aussi l'expression de toute la souffrance de la mort d'Antinous son amant adoré.
Marguerite Yourcenar a une écriture juste, et belle, comme il convient pour avoir la juste distance ou la juste proximité avec cet illustre empereur romain grand humaniste.

Lu il y a très longtemps mais un souvenir impérissable car il y a tout dedans. Un grand livre d'histoire où elle est racontée de façon politique comme un contemporain aurait pu le faire mais un grand livre d'amour, cet amour fou avec Antonius .
Puis l'Empire romain expliqué comme cela c'est absolument génial !

et en plus peut-être le plus important, l'écriture : une langage superbe, un style absolument éblouissant. C'est ce livre qui m'a rendu fan absolu de Yourcenar.

Dans une langue superbe qui fait la part belle à l'imparfait du subjonctif et autre futur antérieur,Marguerite Yourcenar nous fait revivre la destinée de l'empereur Hadrien.
Au seuil de la mort il écrit à son successeur désigné, Marc Aurèle,pour l'entretenir de considérations relatives au "métier" d'empereur par le biais de ses propres souvenirs et expériences.
Du haut de nos 17 siècles de prétendu progrès c'est toute une vie d'homme aux sentiments et aux réactions si prochent de nous, qui se déploye ,de l'enfance ibérique à la vieillesse amère et désabusée a la villa qu'il fit construire près de Tivoli. Car tout le livre est hanté par le sentiment aigu de la fuite inéxorable du temps,de la vanité de toute entreprise destinée à perdurer,du peu d'éternité donné à la "civilisation" . Hadrien sait que Rome est en proie au travail de sape d'ennemis plus retords que Carthage et la Perse réunis;dèjà dans les profondeurs des catacombes une nouvelle croyance dont les sectateurs ne veulent pas rendre le culte à l'empereur, prépare par son intolérance et son exaltation au martyr , le déclin, la chute et l'obscurcissement de la civilisation pour les siecles à venir, plus surement que les hordes de soi-disant "barbares".

Une lecture étrange et envoutante. Un de mes très beaux souvenirs de lecture de mon adolescence.

Marguerite Yourcenar affirme, dans ses notes sur son roman, qu'il faut avoir vécu pour pouvoir écrire les mémoires d'un grand homme. Pour les lire aussi...
L'auteure a fait le choix d'écrire les mémoires de cet empereur romain du IIème siècle de notre ère à la première personne. Le résultat en est saisissant d'érudition, d'humanité, de beauté. On se croirait citoyen de Rome, philosophe athénien, compagnon de cet empereur pacifiste et éclairé, sensible à l'astronomie, à la diversité des religions, formé par ses nombreux voyages.
Loin d'être ennuyeux, ces Mémoires, quoique austères car à mon avis guidés par un souci d'authenticité, nous font devenir familiers avec un homme qui semble à la fois loin de nous et étonnamment proche. J'ai aimé les allusions aux violences du XXème siècle que sous-entendent certains commentaires sur l'avenir de la paix dans le monde.
Un récit humain, vrai, savant et émouvant. Il demande toutefois un certain courage car l'écriture n'est pas d'un accès facile.

J’aime les romans historiques et avec celui-ci j’ai découvert un homme fascinant. Je sais bien qu’il s’agit d’une histoire romancée, mais, ne connaissant pas du tout le personnage historique d’Hadrien, je me plais à croire qu’il était aussi humaniste que le présente Yourcenar. Il apparaît comme un empereur qui prend sur ses épaules la responsabilité de l’avenir de son pays, comme un amoureux qui vit les affres du deuil de l’être aimé, comme un solitaire, conscient des mécanismes du monde dans lequel il vit.

Les « mémoires d’Hadrien » prennent une forme particulière : c’est un roman, mais qui touche à la longue tirade poétique dans le même temps. Ce n’est pas un « roman à suspense » qu’on ne peut plus lâcher une fois ouvert. Je l’ai lu lentement, il m’a accompagnée durant trois longues semaines et je crois que c’est bien ainsi. C’est toute une façon de penser que nous propose Yourcenar à travers Hadrien (est-ce celle d’un homme ou d’une époque ?).

Mon seul bémol toucherait quand même au rythme du livre, rendu parfois un peu lent du fait de la construction particulière de ces mémoires.