Katherina tue un journaliste qui livre une thèse de sa vie privée aux lecteurs du "journal"; elle employée modèle et discrète ne supporte pas cette intrusion dans sa vie . C'est un livre intéressant montrant la persécution que peuvent exercer les médias sur une personne mêlée à un fait divers . On a dès le début l'intrigue en main ; c'est dommage que les évènements ne soient pas distillés peu à peu .C'est pour cela que je ne suis pas arrivée à éprouver de l'empathie pour Katharina, elle est trop fade et on comprends trop vite son rôle de naïve.
J'aurais aimé avoir plus de renseignement sur le rôle de Mme Blorna "Trude la Rouge"personnage plus intéressant.
J'aimerai voir le film.

Katharina Blum est une employée de maison irréprochable moralement et professionnellement et n'a jamais rien obtenu que grâce à son honnêteté et ses efforts. Elle fait soupirer beaucoup d'hommes mais n'a jamais accordé ses faveurs qu'un soir, sur un coup de tête, à un inconnu, Ludwig Götten... Cela est à l'origine de tous les ennuis graves qui toucheront désormais sa personne et celles de ceux qui tâcheront de la soutenir, mais la cause directe sera surtout un JOURNAL (en capitales dans le texte) dont les méthodes sont pour le moins nauséabondes et criminelles.

Pas de suspense : Böll nous annonce d'entrée de jeu que le "journaliste" qui causera la ruine de la vie (en touchant l'honneur) de Katharina Blum sera abattu par elle et qu'elle ne cherchera pas à le dissimuler. Or même en connaissant la lourde "punition" du "journaliste", je suis restée ahurie en passant d'un article de journal à l'autre, tantôt résumés, tantôt livrés intégralement (pour celui du dimanche, un paroxysme dans l'ordure), tous sont ignobles, les derniers délirants et pas passibles de la peine de mort (comme l'a décidé Katharina), mais de peines de prison lourdes. Böll démontre qu'une entreprise aussi outrancière, systématique et violente de démolition de l'honneur d'autrui est un acte de pure délinquance qui peut appeler des réactions désespérées et violentes elles aussi. Et personne ne s'en relève complètement : la plupart des gens conviennent qu'il y a peut-être eu de l'exagération mais ne peuvent imaginer qu'on puisse extrapoler à ce point, demeurent intimement convaincus qu'il y a un "fond de vérité". Le style de Böll est distancié, un tantinet ironique, imitant tantôt les chroniques, tantôt les compte-rendus d'enquête, celle sans doute qu'a pu mener le malheureux Me Borna, l'avocat employeur et ami de Katharina, pour la disculper.

Un livre court et passionnant (il m'a fait me tromper de station de métro deux fois), qui démonte les mécanismes et la mauvaise foi de la presse à sensation. J'en ai beaucoup aimé le style détaché, apparemment froid, exacerbant l'indignation que l'on éprouve devant les agissements de certains journalistes et leur mépris vis-à-vis de leurs victimes.

Commentaires de Gérard :
J’ai aussi apprécié le style de ce roman, présenté comme une enquête a posteriori ; non linéaire (avec divers retours en arrière), il prend de la distance par rapport aux faits décrits et mêle froideur et ironie. Outre qu’il vise à défendre énergiquement le respect des personnes en condamnant les journalistes de la presse à sensation et leurs abus de pouvoir, ce roman pose aussi une question centrale quant au rôle de la langue et au pouvoir qu’elle donne à celui qui la maîtrise…