J'ai été déçue par ce livre car je trouve que l'auteur passe trop vite sur les sujets qu'elle traite, et d'un point de vue plus sociologique que philosophique.
Un peu trop "nerveux" et pas assez analysé.

D'abord je tiens à dire qu'il est très difficile de commenter ce livre car il y a beaucoup de choses à dire. Je vais donc essayer d'organiser tout cela au mieux et surtout de rendre compte du livre sans y ajouter mes propres opinions sur la maternité ....et je tiens donc à préciser que si je peux paraitre un peu lapidaire dans mon commentaire mon opinion est sans doute plus nuancée.

Pour résumer grossièrement, je dirais qu'en tant que mère je me suis sentie à la fois soutenue et méprisée ce qui laisse une impression bizarre ... Mais surtout, intellectuellement, je me suis sentie flouée.

Soutenue :
Quand j'ai entendue Mme Badinter sur France Inter, le jour où son livre est sorti, il m'a semblé qu'elle mettait des mots sur des choses que j'avais ressenties dès le début de la grossesse. En effet, il y a actuellement une espèce de mode qui met en avant l'argument de la nature dans la manière de mettre au monde puis de s'occuper des enfants : condamnation de la médicalisation de l'accouchement (et entre autre, de la péridurale), insistance sur la nécessité d'allaiter les enfants, de rester le plus longtemps possible avec eux, développement du portage, du cododo, des couches lavables, etc.... Sans forcément se poser la question de ce qui serait bien ou mal pour l'enfant, tout ceci a pour conséquence de prendre énormément de temps à la mère (qui doit revoir sa carrière professionnelle et ses loisirs en conséquence) ou de faire culpabiliser celles qui ne font pas tout cela.... Une conséquence possible : Puisqu'il faut donner autant aux enfants il devient impossible aux femmes d'être l'égal des hommes sur le plan de l'emploi, des carrières, etc ...on revient donc en arrière par rapport aux combats féministes des années 60s. Je trouve qu'Elisabeth Badinter pose là une vraie question et fait en quelque sorte avancer la cause féministe en montrant comment ces discours, qui influencent des comportements individuels, peuvent poser en fait un vrai problème de société.

Méprisée :
Une fois qu'on a dit cela, la mère qui continue à travailler à temps plein, donne des biberons, utilise des couches jetables etc ... est déculpabilisée et soulagée et c'est tant mieux. Mais elle n'en reste pas moins mère.
Or Élisabeth Badinter enchaine sur le constat de l'échec des politiques familiales y compris en Scandinavie (d'après elle). Elle développe aussi ce qu'elle appelle la "grève des ventres" : de plus en plus de femmes et de couples vont préférer leur plaisir; leur liberté plutôt que d'avoir des enfants (et de leur sacrifier temps, argent, etc...). Elle explique et justifie ce choix de vie ... jusqu'à donner l'impression que finalement, c'est bien là la seule manière pour les femmes de s'épanouir vraiment.
Mais alors si on est mère c'est qu'on a déjà renoncé à être l'égal de l'homme ? à mener carrière ? à loisir avoir ?
Je me sens schizophrène tout à coup...

Intellectuellement flouée :
Quand j'ai pris le livre, je pensais qu'il s'agissait d'un livre d'opinion. Je l'ai feuilleté, j'ai vu la bibliographie, les notes de bas de pages et je me suis dit qu'il y avait une vraie étude sociologique. De fait, le livre est riche d'informations et j'y ai appris beaucoup de données sociologiques sur la maternité (ou pas) sur son évolution au cours du temps ou en fonction des pays. Toutefois, on se rend vite compte qu'il s'agit réellement d'un livre d'opinion et que toutes les références ne sont là que pour soutenir sa démonstration. Plusieurs choses m'ont déplu dans sa manière d'argumenter : elle exagère tellement le point de vue qu'elle dénonce et il parait si extrémiste et illégitime qu'elle s'épargne ainsi la nécessité d'avoir à réellement argumenter... on lui accorderait presque des points Godwin. Exemple : Elisabeth Badinter n'aime pas la Leche League, présente la Leche League comme une organisation traditionaliste qui prône l'allaitement à la demande jusqu'au sevrage naturel (ça c'est vrai), ce qui équivaut pour elle à l'esclavage de la mère qui ne peut évidemment plus rien faire d'autre que d'être h24 avec son enfant jusqu'à ses 6 ans environ (Ca c'est l'interprétation extremiste du principe de base). Puis elle présente la recommandation de l'OMS sur l'allaitement comme le résultat du lobbying de la Leche League mais ne se pose pas la question du lobbying certainement tout aussi puissant des producteurs de lait en poudre...
Ne peut on donc vraiment pas allaiter sans être esclave de son enfant ? ne peut on pas allaiter et être féministe ? Ne peut on être mère et être féministe ?
Ah ! Si ! La conclusion nous sauve : En France nous sommes des mauvaises mères depuis le 18e et l'adoption en masse du système de nourrices. Aujourd'hui, la politique familiale n'est pas si mal et comme on n'hésite pas à mettre nos enfants très tôt en garde pour retourner travailler, on arrive à être mère et femme à la fois. D'où notre bon taux de fécondité....
Donc finalement il n'y a pas vraiment de problème ?
Je crois que j'attendais plus de ce livre...

Livre actuel très "tendance". J'ai lu, il y a 30 ans, "L'amour en plus", avec beaucoup de plaisir.
Ici, le sujet et la réflexion sont d'un grand intérêt mais je suis gênée par ce côté "brouillon", pas assez structuré malgré la grande rigueur de la documentation. Gênée par ces références en bas de page, certes obligatoires quand il s'agit d'indiquer le nom de l'auteur, de l'ouvrage, mais de temps en temps, elles sont agrémentées de développements intéressants qui auraient été mieux à leur place dans le roman lui-même.
Elle ne dit pas n'importe quoi, on sent une grande honnêteté dans sa recherche, mais le livre est inondé de statistiques, pourcentages qui "cassent " le lecture et l'intérêt (lire la page 221).