Il y a des romans que l'on savoure lentement, dont la musicalité nous donne envie de relire plusieurs fois certains passages, dans lesquels on s'installe, béat, avec le souhait qu'ils ne se terminent jamais..
Et puis, il y a ceux que l'on dévore avec une boulimie incontrôlée, dont on engouffre les pages lues presque en diagonale, dans un état de transe quasi inconscient...
"Garden of love" rentre dans cette seconde catégorie. Voilà un roman qui d'emblée intrigue, en distillant une atmosphère énigmatique, et dont le rythme, porté par une succession de chapitres courts, sans lien a priori les uns avec les autres, vous entraîne aussitôt dans sa diabolique frénésie... pour découvrir peu à peu le puzzle qu'assemble, avec une maîtrise parfaite de la construction narrative, Marcus Malte.
Et il nous mène par le bout du nez...
Résumer "Garden of love" gâcherait le plaisir de votre éventuelle future lecture, je n'en ferai donc rien...
Attendez-vous simplement à être, à l'instar des personnages de ce roman, manipulés, perdus au cœur d'un jeu trouble et vénéneux, dont on ne sait jamais vraiment qui est le maître. Vous nagerez en pleine confusion, les époques, les lieux et les personnages s'entremêlant, se dédoublant, s’imbriquant...
Mais c'est tellement bon !
D'abord parce que, en dépit de la complexité de son intrigue, Marcus Malte sait, à chaque fois qu'il se sent trop largué, rattraper son lecteur juste à temps, en lui livrant, avec une savante parcimonie, l'indice juste assez explicite pour maintenir son intérêt.
Ensuite, parce que cette histoire alambiquée à un charme envoûtant, ambigu, qui suscite à la fois répulsion et fascination, la mélancolie s'y mêlant à la souffrance, l'amour à la violence et à la perversion, les fantasmes à la réalité.
Et enfin, dernier atout, et non des moindres, de ce roman : l'écriture de son auteur, riche de métaphores, qui sait se faire aussi poétique qu'efficace, et se métamorphoser subtilement selon la voix qui la porte.
Je ne connaissais pas cet auteur, mais si l'ensemble de sa bibliographie est à l'image de ce troublant "Garden of love", je me réjouis d'avance à l'idée de tous ses titres qu'il me reste à découvrir !
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