Un vieux Série Noire, c'est un moment de nostalgie sorti d'une époque où on faisait les livres différamment, une sorte de parcours initiatique.
On commence par admirer le lustre noir de la couverture avec son lettrage jaune et, parfois, le dessin ou la photo de couverture.
Ensuite on retourne le livre : le 4ème de couverture fantastiquement kitsh avec sa traditionnelle pub pour le parfum 'Balafre' :
Affronter la vie avec la mordante insolence d'un jeune loup, fasciner les femmes par une présence énigmatique, magnétique...Ce sont les hommes qui portent Balafre.
Puis le pitch bref, précis et attirant:
Charbo était un petit employé de banque qui rêvait d'un gros coup. Et comme la prise d'otage est à la mode, il décida d'en effectuer une avec les moyens du bord et avec le personnel de service. Mais les moyens étaient très moyens et le service très personnel...
Quelques bons mots pimentent une histoire originale et amusante (un abruti moyen un peu naïf un peu rêveur imagine le braquage de banque parfait en s'inspirant d'un fait divers qui défraye la chronique).
Malheureusement, le récit traine en longueur et on frise l'indigestion de calembours, bons mots ou jeux de mots.
Les 100 premières pages sont sympa, les 80 suivantes potables, les 80 dernières laborieuses.
Ce n'est pas le meilleur livre pour découvrir A.D.G.
Extrait :
En fait ce qu'on approuvait c'était son silence. Les employés peu bavards, ceux qui ne se curent pas les dents avec un trombone, ceux qui ne lancent pas d'élastiques, ceux qui ne restent pas trop longtemps à lire aux toilettes, ceux qui ne fument pas sous le nez du chef du personnel, ceux qui ont leur CAP, ceux qui n'ont pas les cheveux longs, ceux qui n'ont jamais d'erreur dans leur bordereau, ceux qui ne s'attardent pas aux archives deux heures de suite, enfin bref, ceux que ni vous ni moi ne voudrions fréquenter, ceux-là sont les plus beaux fleurons de l'industrie bancaire et le royaume des vieux cons leur est ouvert.
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