Wow, quelle écriture!
D'abord, Noé m'a vraiment plu! Bon, Caillois remanie le texte comme il veut et invente une nouvelle fin qui n'est pas très rigoureuse, mais sa rigueur n'est pas dans Le Texte, mais dans son texte. Et la rigueur de son questionnement est tout simplement sublime. Voici donc comment Noé est devenu alcoolique! Ben c'est logique au fond, je n'y avais pas pensé. Très, très fort.
Le deuxième texte tourne autour de la mémoire et la question de son exactitude. L'auteur étudie le tréfonds de son âme, mais ce n'est rien comparé au troisième texte, dans lequel un coquillage s'est logé dans le ventre de l'auteur, et lui vole sa conscience. Ou bien peut-être ne la lui vole-t-il pas, au fond : simplement, sa conscience lui est remise (mais... à qui?) Texte très kafkaïen, très beau, et à la limite de la maladie mentale.
L'ultime bibliophilie m'a beaucoup plu aussi, et j'ai failli le recopier pour continuer le fil de discussion commencé avec Apo sur la question de l'écrit et de la destruction des livres. Mais j'ai la flemme, alors Apo, si tu me lis... clin d'oeil! (Caillois n'aborde pas du tout le sujet sous le même angle que nous, mais il a des sorties magnifiques, dans ce texte qui parle des bibliophiles qui ne sont pas forcément - voire jamais - des lecteurs... bref, des gens qui aiment les livres pour leur matière, pas pour ce qu'ils contiennent. Moi, ça m'a parlé de la mémoire, justement!)
Enfin, le dernier texte ne m'a pas parlé du tout. Mais c'est sans doute parce que je n'ai jamais vu l'intérêt de faire une liste des 100 livres à posséder dans une bibliothèque, et que je n'ai pas besoin d'arguments pour contrer cette idée saugrenue. Sans doute Caillois a-t-il trouvé à une époque que ce pouvait être intéressant, allez savoir.
Je découvre donc un auteur très riche en langage, en imagination, en questions et réflexions, auteur qui sait faire réfléchir tout en faisant voyager, qui sait parler aux émotions, bref, je ne vais sans doute pas m'arrêter là dans mon voyage cailloissien.
|