Enfant, le narrateur et son meilleur ami sont fascinés par leur voisin, le Duke, un aventurier milliardaire. Un jour, ils aperçoivent d'étranges cubes de verre géants, posés au milieu du parc de son immense propriété : que sont ces mystérieux cubes ? Une œuvre d'art, des vivariums, une prison de verre ? Ils décident de s'introduire dans la propriété du Duke pour voir les fameux cubes de plus près et... se font prendre, bien sûr !
Ensuite, par sauts dans le temps, le narrateur grandit, devient un adolescent solitaire, puis un jeune "businessman" uniquement centré sur son travail, enfin un mari et un père aimant, et même, coïncidence (?), un proche collaborateur du Duke. Une vie ordinaire en somme.
Pourtant, ce qui s'apparente ainsi de prime abord à une simple et banale histoire en forme de "parcours de vie" prend une autre dimension, mystérieuse, mystique presque, quand elle est raconté à travers le prisme des obsessions cubiques du narrateur. Car sa curiosité d'enfant envers les cubes se mue au fil du temps en obsession : partout et toujours, au cours de sa vie, le narrateur croise de multiples figures de cubes. Il en vient à se persuader que ces cubes influencent, dictent même, sa vie. Les événements les plus banals prennent une toute autre dimension quand le héros les raccroche à son obsession, mais le lecteur lui reste scepticisme et incrédule à l'énoncé de l'interprétation que donne le narrateur des différents évènements de sa vie.
Ainsi, ce roman laisse des impressions contradictoires : le style, relevé d'expressions châtiées (« un processus de mithridatisation », « une chaleur érubescente »...), paraît incongru dans la première partie du roman consacrée à l'enfance du narrateur, mais s'avère agréable par la suite. Quant au récit, il met du temps à s'installer : la première moitié du roman n'est que l'histoire banale d'un petit garçon aventurier devenu un homme ordinaire, les obsessions cubiques du narrateur restant très anecdotiques. Elles ne commencent à éveiller notre intérêt que dans le dernier tiers du roman : intervention du fantastique, folie du narrateur, on ne sait au juste les "causes" exactes des dérèglements de son existence, et on passe sans s'en apercevoir du récit initiatique au thriller, voire à la tragédie...
le cri du lézard