La vie des feux peut se comprendre comme la persistance du souvenir des morts ou encore comme la force vive du grand incendie qui va ravager Rome dans la nuit du 18 au 19 juillet 64 et qui hante Néron. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir été prévenu par le préfet des vigiles, Marcus Atticus. Néron sait que l’été sera caniculaire, les bâtiments en bois resserrés dans des rues étroites, les boutiques emplies de produits inflammables. L’empereur est affligé par la perte de son bébé Claudia Augusta. Lucius Murena est de retour de Gaule, décidé à se venger de Néron, responsable de la mort de sa mère et de sa bien-aimée. Seule la vestale Rubria l’accueille bien qu’il soit interdit à quiconque d’aider un proscrit. Elle va d’ailleurs le payer cher, trop chair. Violée et déflorée par Néron puis livrée à Massam, Rubria va chercher la mort. Affligé par cette nouvelle perte, Murena va chercher querelle à Massam et dans la rixe qui s’ensuit, une torche tombe au sol et démarre accidentellement l’incendie.
La Vie des feux ne dépareille pas l’ensemble de la série. Le soin apporté à la reconstitution historique dans le scénario, le dessin et la mise en couleur est constant. Le masque marmoréen de Néron se fendille, montrant un pauvre homme s’imaginant l’égal d’un dieu. Entre les intrigues de cour et les introspections de l’empereur, des scènes d’action rythment opportunément le récit à l’exemple du pugilat nocturne, Balba contre Pollus, nantis de gants de cuir lestés de plomb afin que les coups portent mieux, pour le plus grand amusement des parieurs. Huit planches de croquis en début d’album rappellent le grand talent de graphiste de Philippe Delaby, la fluidité et la précision du trait.

J'ai l'impression que cette série est en train de prendre le vilain travers de beaucoup de BD à succès : on étire le récit pour faire durer le plaisir (et gagner plus d'argent). Ce tome 7 est un album transitoire décevant où il ne se passe pas grand chose.

Rappelons que le thème de cette saga est Rome sous le reigne de Néron : on sait donc comment çà finit, cet empereur honni étant mort à 35 ans.

La fin du T6 annonçait le T7 comme l'histoire de l'incendie de Rome, un rève que caresse Néron depuis plusieurs années : bruler la ville pourrie pour pouvoir construire sur ses décombres une nouvelle Rome qu'il veut rebaptiser Néropolis.

L'incendie de Rome est donc annoncé depuis deux tomes comme le morceau de bravoure, le point culminant de cette deuxième saison...sauf qu'il ne se passe pas grand chose. On a droit à deux ou trois intrigues secondaires capilotractées, quelques nouvelles des différents personnages mais niveau fonds, on reste un peu sur sa faim. L'incendie occupe les trois dernières planches, et encore, il est plus suggéré que montré.

Heureusement, le dessin est toujours aussi juste (quoiqu'ayant un petit peu changé depuis le dernier tome, plus anguleux, moins fondu), la documentation sur 'vivre à Rome sous l'Antiquité', toujours de qualité.