J'ai été attiré par la couverture (la perspective de la chaise qui m'a fait penser à Van Gogh mais en noir).
J'ai été happé par cette encre de Chine presque entièrement muette (sans bulles), comme le requièrent le cadre et la trame.
J'ai trouvé touchante cette histoire d'isolement, de monstruosité et du rapport au réel scandé par la chute d'un dictionnaire.
Le dessin est totalement cinématographique (muet) et la narration techniquement bien menée. (Le poisson rouge semble, lui aussi, parler dans son inexpressivité). Juste la conclusion aurait gagné - à mon sens - à être plus ouverte.

Chabouté explore les tourments d'un homme abandonné par son père sur un phare qu'on devine au large de la Bretagne. Ce solitaire extrème n'a jamais eu aucun contact avec l'extérieur, et le marin qui le ravitaille a eu pour consigne de ne jamais chercher à le contacter... La raison de cet isolement se dévoile progressivement, au travers de contacts avec un homme qui est intrigué.
C'est à nouveau un très bel album de cet auteur : il se distingue des autres par une ambiance moins sombre, et qui est plus optimiste. La qualité du dessin se confirme. Très fort dans la représentation des hommes, Chabouté se révèle aussi doué pour la nature.