Ce Bordage n'est pas un livre d'anticipation ou de SF comme le gros de l'œuvre de ce formidable auteur.

Je trouve formidable le Bordage des Guerriers du silence, de Wang, de la trilogie des prophéties mais je suis moins convaincu par le Bordage de Les derniers hommes ou de graine d'immortel.

Porteurs d'âmes est à la croisée. Il y a du bon et du moins bon dans ce livre.
Dans le bon il y a le scénario bien troussé, les personnages attachants (le flic désabusé, la clandestine traquée, le jeune con idéaliste) et la construction très addictive du récit : chaque personnage vit sa vie dans un chapitre qui se termine souvent sur une note haletante...un côté feuilleton agréable car l'intérêt se renouvelle bien.
Dans le bon, j'ai adoré les chapitres où
Dans le moins bon il y a des parties d'histoire un peu manichéennes, voire cucul. Il y aussi ce côté Jean-Christophe Grangé dans certaines situations un peu tordues : sociétés secrètes, tortures, personnages de psychopathes, duo de flics avec un vieux loup et un jeune chien fou. Il y a enfin une certaine répétitivité par rapports aux autres œuvres d'anticipation de l'auteur avec une récurrence de certains types de personnages.

C'est un livre facile, qui se lit bien, pas le meilleur de Bordage, mais efficace.

C'est enfin une pierre de plus dans l'œuvre de Bordage. Il est tentant de la considérer comme un préquel de la trilogie des prophéties et/ou de Wang car les mêmes causes produisent les mêmes effets : repli de la société occidentale sur elle-même, durcissement des lois anti-immigration, radicalisation religieuse, écart entre les riches et les pauvres, supériorité de l'intelligence collective sur l'intelligence individuelle.

Le thème de ce livre m'a rappelé "La Machine" de René Belletto et je me suis facilement laissé entraîner par ce captivant récit à trois voix. L'auteur se permet quelques courtes digressions sur l'évolution de notre société ce qui n'est pas le plus inintéressant.

excellent récit à 3 voix qui finissent par se rejoindre dans le même improbable destin.Thème de l'immortalité par le transfert de l'âme dans un corps d'emprunt,peut-être une première étape vers un monde de clones...

Quel est le point commun entre Léonie, achetée enfant au Libéria, séquestrée et prostituée avant de s’enfuir à vingt ans pour se retrouver clandestine et sans papier dans les rues de Paris - Edmé, inspecteur qui découvre un épouvantable charnier dans la Marne – Cyrian, fils de bonne famille, étudiant à l’Ecole européenne supérieure des Sciences et nouveau venu dans la confrérie estudiantine aux allures d’organisations secrètes appelée « les Titans » ?

L’existence du translateur, une machine à transférer les âmes, secret jalousement gardé par les membres de la confrérie des Titans. Quel est ce groupuscule aux multiples tentacules, présent à toutes les sphères du pouvoir ? Quelle portée une telle invention pourrait-elle apporter au monde ? Pouvoir transférer son âme dans un autre corps aurait de multiples conséquences : immortalité de l’âme, nouveau outil d’espionnage, autant de raisons pour ne pas ébruiter l’invention, jusqu’ici destinée aux seuls membres huppés de la confrérie en mal de sensations fortes qui se payent un voyage de quatre jours dans un autre corps comme d’autres se payeraient un voyage spatial.

Mais comment choisir ces corps sans divulguer ce secret ? En remettant une somme rondelette aux mendiants, clandestins et autres paumés de la ville en échange d’une soi-disant expérience médicale d’une durée de quatre jours. Léonie, femme dans le besoin depuis qu’elle s’est enfuie, sera l’un de ces vaisseaux humains qu’empruntera Cyrian au cours de son deuxième voyage corporel. Lorsque Léonie sera récupérée par ses geôliers et que les possibilités de Cyrian pour réincorporer son enveloppe se réduisent comme peau de chagrin, il ne reste qu’une seule chose à faire : se dévoiler complètement en tant que passager du vaisseau corporel et devenir la seconde voix du corps porteur…

Roman d’anticipation doublé d’un thriller polyphonique dans lequel nous accompagnons ces trois personnages avec beaucoup de plaisir, sur un rythme alerte qui ne connaît pas de temps mort, au style fluide et efficace, Pierre Bordage délaisse les implications qu’aurait une telle découverte scientifique pour mieux explorer les sensations et émotions engendrées lorsqu’une âme s’immisce dans un corps étranger. Ou comment notre personnalité et notre façon d’envisager la vie se trouvent bousculées lorsque nous voyons à travers les yeux mais également les souvenirs, ressentis, perceptions d’une personne totalement à l’opposé de soi.

Au fond, ce roman est avant tout un plaidoyer pour la tolérance et l’acceptation de la différence : critique de notre société qui prône l’exclusion et le repli sur soi en nous faisant découvrir la vie des sans-papiers et des laissés pour comptes alors que la richesse serait à portée de main si nous prenions la peine de lever nos barrières pour oser aller à la rencontre de l’autre.

A noter, l’auteur termine ce roman en laissant présager une suite probable… à suivre donc.

J'ai plongé avec délices dans ce Bordage, avec ces aventuriers d'un nouveau genre qui se
baladent dans l'esprit des gens.

Un prétexte qui permet de découvrir et d'apprendre beaucoup sur notre monde, et sur l'âme humaine,
avec tout ce quelle à de beau, ou... de choquant et de révulsant. Un livre cru, dur, terrible et avec
peu d'espoir.

J'ai trouvé la fin du livre moins bien rythmée, et une nouvelle fois, la fin de l'histoire me laisse
sur ma faim (ah, les chutes et fin d'histoire, on pourrait en raconter un roman :D).

Un moment de lecture dense et passionnant, à conseiller.

Difficile de classer ce roman dans une catégorie, j'ai hésité entre thriller et roman d'anticipation, il est les 2 à la fois en plus d'être un roman particulièrement humaniste de part les questions sociales qu'il aborde.
Le destin croisé de 3 personnages principaux relaté au travers d'une intrigue riche en suspense .

Une narration alternant entre les pensées et les paroles des personnages certes un peu clichés de par leur définition : la clandestine tant malmenée par les hommes et en recherche d'amour, le jeune homme né dans le luxe en manque de sensations fortes, l'éternel flic bourru et misogyne... on devine également assez vite quel va être le rôle de chacun vis à vis de l'autre ...mais tout cela n'enlève rien à l'originalité de l'histoire dont les rebondissements nous tiennent malgré tout en haleine, et surtout la question centrale de Porteurs d'âmes qui a suscité mon vif intérêt : comment se détacher de soi-même pour réellement comprendre rencontrer l'Autre.