Un livre choc sur le totalitarisme communiste, sur la torture, la confrontation entre un individu (Roubachof, ancien représentant du Parti) et ses géoliers (Ivanov, qui pourrait être à la place de Roubachof, et Gletkin, l'homme de Néandertal) !
Quelle est la place de l'individu dans la société ? Le zéro face au Parti ou l'infini en tant que particularité grammaticale, le 2-5 1-5 de l'alphabet quadratique.
C'est aussi le bilan d'une vie consacrée à la Révolution, avec toutes ses compromissions avec le moi intérieur, en appliquant cette terrible règle : la fin justifie les moyens.

Peu de mots à ajouter à toutes les notes de lectures faites sur ce roman. Oui, il s'agit d'un roman indispensable à lire, complètement d'actualité, certainement un chef d'œuvre.
La force du roman vient de sa capacité à percer notre imaginaire. Des études rigoureuses sont toujours nécessaires, surtout pour dénoncer avec preuves à l'appui, mais restent "froides". La construction de l'histoire est ici essentielle : le personnage principal est en prison, nous évoluons donc constamment avec lui dans un huit-clos oppressant, dans ses choix cornelliens. Signer des aveux fictifs et déshonorants, ou s'obstiner dans une attitude individualiste vouée à l'échec ?
Ce roman ne fait pas la critique du communisme, ni l'apologie du libéralisme, mais présente les absurdités, les paradoxes auxquels doivent se livrer les régimes totalitaires. L'idéologie invoquée est constamment contestée par les actes concrets de ses zélateurs.
J'apprécie beaucoup un aspect de ce roman des années 40 qu'on ne trouverait pas dans la littérature actuelle : la modération du propos. Par exemple, selon moi, les scènes de torture psychologique auraient été bien plus violentes, vulgaires chez un auteur des années 2000.

Edifiant roman inspiré des purges staliniennes et de l'éviction des anciens léninistes, il met en scène un ancien commissaire du peuple qui est arrêté comme opposant contre-révolutionnaire. C'est un livre très pédagogique sur les mécanismes de ce régime totalitaire, notamment sur la spirale infernale de paranoïa et de délation dans laquelle tombent les dirigeants et les masses populaires. Le héros se pose ainsi la question principale : la fin justifie t-elle les moyens ?

J'ai souhaité relire ce livre que j'avais lu ado et qui m'avait impressionnée. A l'époque, ce genre de livre dénonçant les régimes totalitaires avait le vent en poupe. C'est vrai qu'on commençait à réaliser et à obtenir des témoignages des ravages du régime en URSS.
C'est toujours aussi prenant, aussi effrayant et ce n'est pas un mal de se rafraichir la mémoire.

Indispensable

Ce roman, ancré sur la réalité des systèmes totalitaires européens du XXe siècle, pose des questions essentielles : quelle est la place de l'homme dans la société (le peuple est-il constitué de millions d'individus ou l'homme est-il une infime partie du peuple), la fin justifie-t-elle les moyens ?
Il montre à quel point une idéologie, quelle qu'elle soit, développée de façon automatique et sans nuance, devient rapidement inhumaine.
Mais il s'agit d'un vrai roman, avec des personnages complexes, tâtonnant, se cherchant, commettant des erreurs au nom de grands principes.
Certains passages sont extrêmement émouvants (je pense en particulier à l'exécution de Bogrof).

Commentaires de Gérard :
Primauté de l'individu sur la société ou l'inverse ? La question n'est pas nouvelle, mais elle est posée ici avec acuité dans le contexte du système soviétique.
On comprend bien un des mécanismes des systèmes totalitaires consistant à effacer les événements qui ne leur conviennent pas (alors qu'Orwell en décrit un autre dans 1984 où on reconstruit des représentations d’événements qui n’ont jamais eu lieu).
Intéressant également de voir démontée la dialectique qui permet d'arriver à une collaboration entre le prisonnier et son geôlier pour soutenir la plus grande gloire du parti !

Oui, cette œuvre majeure — écrite très tôt, entre 1938 et 1940 — mérite bien 5 étoiles !

Un livre qui vous marque pour la vie comme "1984" d'Orwell.

4ème de couv'
Ecrit de 1938 à 1940, paru en France dès 1945, le Zéro et l'Infini est un des grands classiques du XXème siècle, ainsi qu'un Best-seller mondial (ca on s'en moque à vrai dire, qu'il soit vendu ou non, ce n'est pas grave, tout n'est pas forcément une question de fric...).
Inspiré des grands procès de Moscou,le roman raconte le parcours d'uèn responsable communiste, Roubachof, jeté en prison et jugé, bien qu'il eut été lui-même un "épurateur".
Par delà ce thème, l'écrivain dresse un réquisitoire contre les dictatures, et le système totalitaire pour lequel l'homme n'est rien, un zéro face à la collectivité, alors que l'humanisme voit en lui, au contraire, un infini.
Attention, ceux qui tiennent en main ce livre contemplent un chef-d'oeuvre. Les premières pages indiquent ceci: les circonstances historiques déterminées par leurs actes sont authentiques. La vie de Roubachof est la synthèse de la vie de plusieurs hommes qui furent les victimes des soi-disant procès de Moscou. Plusieurs d'entres eux étaient personnellement connus de l'auteur. Ce livre est dédié à leur mémoire.
Une lecture qui change l'esprit et la vision des choses sur l'Homme en collectivité, et les sacrifices que l'on est forcé à faire, au point de se tromper soi-même, de ne plus être fidèle à soi, par nécessité de servir d'exemple ou de se conformer à la multitude, que l'on soit 2 ou des millions.
Etrangeté de cet ouvrage qui même s'il concerne l'époque "communiste", me fait penser à notre monde d'aujourd'hui et notre formatage intellectuel, consommateur et culturel...Un ouvrage VISIONNAIRE.