Scott, photographe américain établi au Danemark, rencontre lors d’un voyage professionnel en Roumanie Elena, qui lui sert de guide. C’est l’époque du régime Ceausescu, et pour permettre à la jeune femme de fuir le pays, il lui propose de l’épouser. L’union sera de courte durée : après quelques mois de mariage, la jolie roumaine le quitte, à son grand désarroi.
Des années plus tard, le narrateur, fils de la première épouse de Scott, lui apporte une lettre en provenance de Roumanie et destinée à Elena. A la demande de son ex beau-père, il accepte de jouer les facteurs et part à sa recherche.
L’écriture de Jens Christian Grondahl a un parfum mélancolique, presque suranné. Il imprègne son récit d’une ambiance romanesque, qui adoucit la cruauté des événements décrits par un narrateur qui se pose davantage en tant que spectateur qu’en tant qu’acteur. J’ai ressenti aussi à cette lecture une impression de familiarité, d’intimité partagée, liées aux similitudes qui existent entre les émotions des protagonistes et celles que nous ressentons parfois nous-mêmes dans un quotidien sans héroïsme, où nous nous efforçons d’avancer en dépit des revers de l’existence.
La « grande Histoire », qui sert de toile de fond, n’est finalement pas si importante : elle semble n’être là que pour mettre en évidence les attentes et les désillusions des personnages. Le désoeuvrement d’Elena, alors qu’elle est enfin en pays libre, l’illustre parfaitement : que faire de cette liberté, faut-il admettre qu’elle ne soit qu’un but et non un moyen ? Une fois conquise, elle met l’individu face à ses limites, ses responsabilités et à sa solitude : lui seul peut se faire le propre artisan de son bonheur.
« Piazza Bucarest » dégage un charme qui m’a séduite, et dont j’ai gardé des échos longtemps après l’avoir refermé…
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