L'histoire du Batavia, de son naufrage, du grand et terrifiant massacre des rescapés par Jeronimus Cornelisz et sa bande de mutins, tout cela ne m'a finalement pas tellement intéressée. C'est tellement atroce que c'en devient surréaliste.
Le travail de Mike Dash, par contre, est... surprenant!
Il a inséré toutes ses recherches, présentées comme exhautives (ce que ça a pu m'énerver avant de lire le livre!), dans la rédaction des faits, ce qui place au livre au croisement de deux dimensions: le cadre extrêmement vaste du contexte économique et politique (la VOC, les retourschepen, le commerce des épices, l'Angleterre et le Portugal...), et les détails infimes de la vie courante, à partir desquels il déroule des hypothèses à l'infini sur les conditions de vie des hommes qu'il étudie, leurs relations, leurs sentiments, leurs pensées, sans donner pour autant une impression de dilution et d'inutilité.
C'est ce souci de documentation, je voudrais presque dire "d'écoute", qui m'a touchée. Je sens son intérêt bien réel pour les personnes sur lesquelles il se penche, son agacement aussi parfois devant l'obscurité des sources, ou leurs lacunes, sa volonté de comprendre et, à partir de là, de ressuciter des hommes et des femmes bien réels. Oui, ça m'a vraiment touchée.
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