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Les notes de lectures recherchées

7 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (5 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : accident, amour, autobiographie, carence, pere, phobie, suicide

[La Reine du silence - Prix Médicis 2004 | Marie Nimier]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Mer 10 Avr 2013 14:00
MessageSujet du message: [La Reine du silence - Prix Médicis 2004 | Marie Nimier]
Commentaires : 0 >>

Un père qui disparaît quand on a cinq ans ne laisse pas beaucoup de souvenirs.
A-t-on d'autre choix, pour se représenter ce père, que de se fier aux témoignages des amis, avec toute la subjectivité que cela implique ? Comment s'y retrouver entre les impressions des uns et les anecdotes des autres, parfois contradictoires, comment déceler la véritable personnalité du défunt derrière le portrait volontairement idéalisé brossé par une mère qui a voulu vous protéger ?
Une tâche d'autant plus ardue quand l'image du père en question, homme publique, est auréolée d'un halo de légende...

Le père de Marie s'appelait Roger. Roger Nimier. Journaliste, rédacteur en chef, scénariste, conseiller littéraire chez Gallimard, écrivain, il connut une mort prématurée et tragique, en allant écraser son Aston Martin contre un parapet. Il avait trente-six ans. Sa passagère, une romancière affublée du patronyme exotique de Sunsiaré de Larcône, en avait vingt-sept.

Marie est écrivain, elle aussi.

Elle tente, avec toute la difficulté que cela suppose, de choisir une autre voix que celle des souvenirs d'autrui pour s'approprier une image paternelle qui lui serait personnelle, quitte à ce qu'elle soit inventée. Elle doit pour cela décider du ton dans lequel elle va bâtir cette image, outillée de son imagination de romancière, extrapolant à partir de petits événements en rapport avec son père, que leur évocation soit issue de sa mémoire ou de celle des autres.

Ce sont seulement des bribes de souvenirs qui lui reviennent, des flashs fugaces, et qui bien souvent dénotent le caractère violent de cet homme par ailleurs souvent absent. L'image d'empreintes de doigts sur la trachée maternelle, celle de son père s'écroulant, terrassé par l'alcool, la réminiscence de cette matinée au cours de laquelle il brûla de sa cigarette l’œuf en plastique qu'elle lui avait servi pour jouer... voilà qui ne s'accorde guère avec la lumière dans les yeux des amis à l'évocation de l'être exceptionnel qu'était Roger. Il semble bien en effet qu'il existait un fossé entre l'individu publique et le père de famille. Le premier faisait la une des magazines, donnait l'impression d'être facilement attendri par les enfants. Le second ne supportait pas d'être photographié avec les siens, cachait honteusement sa carte de famille nombreuse, reniait l'aspect tristement prosaïque d'un quotidien de langes, de cris, de présence importune, qui s'accordait mal avec sa stature d'écrivain célèbre, de professionnel reconnu.

Néanmoins, Marie refuse de s'attarder sur la part d'ombre de son père. Son but n'est pas de faire dans le sensationnel, ou de susciter l'apitoiement. C'est de combler ce manque qui la terrorise, qui parfois lui donne le vertige, à l'idée de ne pas savoir ce que c'est que d'avoir un père qui vieillit, qui vous accompagne dans certains moments de votre vie, qui vous sert de référence.

Au fur et à mesure de son cheminement, elle parvient -c'est du moins l'impression qu'elle donne- à aborder avec plus de sérénité les éléments de la représentation paternelle qui au départ formaient un ensemble chaotique, incertain. Elle appréhende mieux, en même temps, l’œuvre de l'écrivain Roger Nimier, prenant conscience qu'il était "tout entier derrière sa plume", que ses récits reflétaient fidèlement sa personnalité, avec ses outrances, ses emportements.
Elle se pose aussi des questions sur la nature de sa propre vocation : bénéficie-t-on de l'ombre ou de la lumière de celui dans les pas duquel on place ses pas ?

Écrit à la manière d'un témoignage dans lequel Marie Nimier exprime ses pensées, analyse avec finesse ses doutes et ses limites, "La Reine du silence" se lit comme un roman, et nous attache irrémédiablement à cette femme discrète et sensible, en même temps qu'il nous rend admiratif de cette auteure à l'écriture élégante mais jamais pompeuse.


BOOK'ING
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[La Reine du silence | Marie Nimier]
Auteur    Message
Swann



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 19 Juin 2006
Messages: 2643

Posté: Dim 11 Oct 2009 15:14
MessageSujet du message: [La Reine du silence | Marie Nimier]
Commentaires : 0 >>

Marie Nimier fait la démarche de recherche d'un père célèbre écrivain trop tôt disparu, Roger Nimier. Le risque est de finir par faire un récit qui n'intéresse que vous ou d'exciter un petit côté voyeur. En réalité, Marie Nimier est intéressant et raconte bien, elle sait ménager son suspense, ce qui est encore une façon de se souvenir qu'elle a des lecteurs, ce qui est appréciable.
Ce qui reste de nous après notre mort, c'est le papier, écrit, timbré, photographique.
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[La Reine du silence | Marie Nimier]
Auteur    Message
Latulu



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 19 Avr 2006
Messages: 315

Posté: Mar 09 Sep 2008 8:15
MessageSujet du message: [La Reine du silence | Marie Nimier]
Commentaires : 0 >>

Un livre bien éloquent malgré son titre. Et pourtant il souligne toute la difficulté d'écrire, de décrire le paradoxe de l'absence d'un père disparu prématurément dans un accident de voiture mais quand même présent tant sa renommée d'écrivain le plus doué de sa génération évoque de souvenirs dans l'entourage de Marie Nimier.
J'ai bien aimé ce style simple et limpide qui décrit très précisément l'errance d'une fille littéralement déboussolée par l'absence de son père.
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