Les gnous c'est (g)nous.
ce livre est magnifique
Un troupeau traverse l’Afrique en direction du sud : transhumance ou retour à la Terre-Mère originelle, ce galop effréné se poursuivra jusque dans la mort. Un gnou, tantôt noyé dans la multitude, infime parcelle du grand tout, tantôt troupeau à lui seul - car il en est une sorte de garant, en tant que mémoire et creuset de chacun de ses membres -, précipite dans sa course folle un flot de réflexions et d’idées étonnantes. À l’image du troupeau, multiple et un à la fois, l’écriture donne à entendre le vacarme et le grondement des gnous. La langue, tumultueuse, se fait l’écho de la turbulence du chaos animal ; elle devient matière compacte lancée avec fracas par l’élan de l’énergie brute. Va-et-vient incessant entre le singulier et le multiple, la poursuite de la métamorphose et l’histoire des origines, le microcosme intérieur (le plein des corps des mastodontes) et le macrocosme extérieur (une Afrique nue, plate et désertique), le mouvement à l’infini et le figement, ce texte illustre pleinement la force de la pensée et de la conscience en action.
http://www.bookcrossing.com/journal/2708351