Cette longue nouvelle a des accents fantastiques... Ni monsieur Clay ni son secrétaire Elishama Levinski ne connaissent l'existence de la Bible et tous deux ignorent qu'il existe des livres qui ne soient pas des livres de comptes. Premier point louche!
A vrai dire, tous les personnages sont entourés d'une aura de mystère : Eli, toujours indifférent, jamais touché, jamais choqué malgré tout ce qu'il a vécu (massacre de sa famille lors d'un progrom puis errance et solitude), serait-il le Juif errant? Clay est-il vieilli ou rajeuni par la fin de l'histoire? Paul, le marin danois, est-il un jeune homme innocent ou un personnage sans âge? Comment diable interpréter la fin? Tous les personnages sont ainsi énigmatiques et un peu effrayants. La seule qui semble humaine et qui inspire une saine confiance est Virginie, unique femme de la nouvelle ; coïncidence?

Il s'agit d'une nouvelle extraite du recueil "le dîner de Babette", dont le sujet est une histoire que tous les marins se racontent et qu'un vieil homme très riche se met dans la tête de rendre vraie. L'écriture de Karen Blixen est très belle. La chute de l'histoire est un peu déconcertante mais peu importe !

ou comment un riche négociant mourant retrouve la petite flamme en découvrant la fiction.
Ce vieux monsieur étranger aux émotions découvre avec stupeur que parfois, les gens créent des histoires pour le plaisir de raconter. Cet homme qui décide de rendre "réelle" une légende n'arrive pas à être attendrissant mais sa volonté de fer est fascinante. Refusant que la fiction supplante la réalité, il charge son secrétaire particulier de réunir tous les protagonistes d'une légende entendue sur un bateau.

Fascinant et très moderne (l'histoire se passe au 19ème siècle)