Présentation de l'éditeur
Un petit peuple issu d'Europe s'est établi " au Nord du monde ", dans une solitude glacée où il s'acharne à survivre. Mais, au fil des siècles, les communications s'espacent, puis s'interrompent. L'oubli et l'abandon menacent. Court Serpent est le navire spécialement commandité et construit selon un savoir ancestral, à la fin du XIVe siècle, pour aller à la recherche de cette communauté perdue et lui porter secours. L'abbé Montanus, chargé de conduire l'expédition, de relever le diocèse et d'y ranimer la foi, raconte les épreuves inouïes qu'il a dû affronter pour parvenir au but. Son récit est aussi celui d'une aventure politique et spirituelle, que traverse un amour sacrilège. Il donne la clé de cette aventure fascinante dont débattent encore aujourd'hui historiens et archéologues.
Biographie de l'auteur
Bernard du Boucheron est né en 1928 à Paris. Il est diplômé de l'Institut d'Etudes politiques de Paris et énarque. Il a fait toute sa carrière dans l'industrie, d'abord dans l'aéronautique pendant vingt ans (directeur commercial de l'Aérospatiale, aujourd'hui EADS), puis pendant treize ans à la Compagnie Générale d'Electricité, aujourd'hui Alcatel (président de la filiale internationale). Il a dirigé un groupe spécialisé dans le commerce de produits pétroliers et du charbon. Enfin, il a été délégué général de l'entreprise qui devait créer un train à grande vitesse entre les trois principales villes du Texas (Texas High Speed Rail Corporation) de 1991 à 1994. Son premier roman Court Serpent est arrivé aux Editions Gallimard par la poste.
Mon commentaire : reliquat des damnés
Missionné par le Cardinal Archevêque Einar Sokkason, l'abbé Montagnus, doit visiter le peuple de Thulé, plus au nord que le nord limite des terres habitées. L'aventure se passe au quatorzième siècle. L'expédition doit se réaliser avec la construction d'un navire "court serpent" suffisamment souple pour résister aux froids polaires et ne pas se faire broyer par les glaces articales. Le voyage se révèle être de l'ordre de l'épopée, tant les conditions difficiles conduisent l'équipage jusqu'aux limites de l'humainement supportable. Tout devient impossible : naviguer, ramer, survivre, et surtout retrouver la route pour atteindre la destination. La cathédrale, monument érigé à la gloire de Dieu, sise dans un pays aride recouvert par la neige dix mois sur douze, ressemble plus à un vaisseau fantôme. Elle flotte, isolée aux fins fonds d'un fjord, tout aussi identique à la foultitude des fjords retirés, encastrés entre les monts et les falaises inhospitaliers.
Une fois le décor planté, l'auteur relate les faits, sous forme d'un rapport. Telle une "chronique de la mort annoncée" de Marquez, nous savons dès le début combien la tâche de cet abbé est voué à l'échec. Et ce constat nous incite à rapprocher cet ouvrage du film "Mission", au travers duquel Roland Joffé montre les ravages des missions religieuses, sous prétexte de civiliser les sauvages, en prêchant la bonne parole.
En fin de compte, l'ordre donné par le cardinal, n'était il pas de prendre des nouvelles de sa famille si lointaine ?
Bernard du Boucheron emploie avec justesse, une palette de vocabulaire agréable à découvrir, qui pèse néanmoins tout au long du récit répétitif. Quant aux descriptions d'horreur qu'il révèle, passé le cap des hauts le cœur premiers, elles deviennent coutumières à tel point qu'il faut se demander si la misère est synonyme d'abandon d'humanité ?
Ce livre est un travail remarquable tant au niveau de la langue qu’au niveau de l’enquête historique nécessaire à sa rédaction. L’aventure relatée reste pourtant terne et sans rebondissement.(bertrand-môgendre)
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