après un démarrage un peu âpre et incompréhensible, j'ai fini par suivre avec intérêt le quotidien de ce prisonnier pas comme les autres, dans une prison inhumaine, humiliante, horrible et injuste. j'ai donc suivi avec intérêt, certes, mais aussi avec incrédulité, un sentiment évident d'injustice et une sourde envie que ça s'arrête, vite, avant que tous les personnages ne meurent ou ne se dégradent irrémédiablement...
c'est donc très bien écrit, ça sert cette histoire à peine croyable, l'ambiance est prenante, on frémit à chaque page. c'est une lecture à déconseiller les soirs de fatigue ou de coups de blues, mais ça reste édifiant : même si les témoignages ne manquent pas, on a du mal à croire ce qu'un être humain est prêt à faire subir à son prochain...

C'est une histoire d'autant plus innommable qu'elle est tirée de faits réels. Coup d'état manqué au Maroc en 1971 dont les exécutants sont enfermées dans des cellules sans lumière, dans le froid, avec le strict minimum de nourriture pour survivre, luttant contre des scorpions déposés par les gardiens... Car tel est le but des autorités, les faire souffrir le plus longtemps possible au seuil de la mort. Les prisonniers puisent au fond d'eux-mêmes de quoi survivre, en faisant abstraction des douleurs corporelles, en oubliant leur passé pour ne pas regretter, en se racontant des films ou récitant le Coran, en s'occupant de leurs malades et de leurs morts... vaut-il mieux survivre dans ces conditions effroyables ou tout abandonner ?