11 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : chirurgie, cinquantaine, destin, famille, grande bretagne, guerre irak, hasard, londres, neurologie, suspense, terreur
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[Samedi | Ian McEwan] |
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ingannmic
Sexe: Inscrit le: 22 Aoû 2008 Messages: 737 Localisation: Mérignac
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Posté: Mar 26 Avr 2011 9:24
Sujet du message: [Samedi | Ian McEwan]
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Commentaires : 3 >> |
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Mes précédentes expériences avec Ian McEwan ont eu pour résultat des impressions fort diverses. Peu emballée par "Amsterdam", mitigée face à "L'enfant volé", j'ai été à l'inverse agréablement surprise par "Le jardin de ciment", pour finalement être charmée par "Sur la plage de Chesil".
A l'issue de la lecture de "Samedi", je suis à la fois séduite et admirative. Il faut en effet avouer que McEwan sait manier sa plume, ainsi que ses autres romans me l'avaient démontré, quand bien même ils ne m'ont pas tous convaincue.
Utilisant habilement le sens des détails, captant notre attention par de longues descriptions qui ne sont cependant jamais rébarbatives, il nous imprègne presque subrepticement d'une ambiance déroutante, et qui nous met mal à l'aise, sans que l'on comprenne au départ les raisons de ce trouble. Il nous fait vivre une journée au cours de laquelle il ne va pas se passer grand-chose et j'ai pourtant trouvé ce roman prenant, parce qu'il s'appuie sur les événements mineurs qui jalonnent ce samedi pour nous amener sur de passionnantes pistes de réflexion.
Cette journée, c'est celle d'Henry Perowne, neurochirurgien londonien d'une quarantaine d'années, dont l'existence n'a rien de romanesque. Le personnage en lui-même n'a d'ailleurs rien de palpitant.
Marié à Rosalind depuis plus de vingt ans, il en est amoureux comme au premier jour. Ils sont les parents de deux jeunes adultes qui ont fait de leur passion leur métier -leur fils est musicien, et leur fille poètesse-, ce pour quoi Henry les admire profondément. C'est un homme serein et comblé, de caractère égal et conciliant, qui semble dépourvu de vice.
Le récit débute bien avant que le soleil ne se lève sur cette journée du samedi, lorsque Henry, pris d'un accès d'insomnie, croit être témoin, en regardant par sa fenêtre, d'un crash aérien. Elle est censée se poursuivre avec la routine d'un jour de congé : notre héros a prévu de disputer son habituelle partie de squash avec un collègue, avant de rendre visite à sa mère, internée dans un établissment spécialisée car atteinte de la maladie d'Alzheimer, puis de faire les courses en vue du diner auquel sont conviés ses enfants et son beau-père.
Et puis, peu à peu, le chaos du monde, son agressivité, sa violence, semblent s'imiscer dans le quotidien du neurochirurgien, lui imbibant l'esprit d'une morosité croissante. Les préparatifs en vue de la manifestation contre la guerre en Irak viennent dans un premier temps lui rappeler une actualité effrayante, puis c'est un accrochage avec un automobiliste qui dégénère...
Un malaise diffus s'empare progressivement du personnage, face aux réactions que suscitent les événements du monde sur lui et les autres, mais aussi face à l'illusion qui consiste à croire que l'on appréhende ces événements avec justesse.
Illusion, car ces drames, ces guerres, ces détresse qui nous sont servis en spectacle ne sont vécus qu'avec de la distance, et par l'intermédiaire d'un rapporteur -les médias- qui ne nous montre finalement que ce qu'il veut, quand il le veut. Nos prises de position relatives à l'actualité, sont par conséquent influencées par les informations forcément tronquées que l'on nous fournit. Le peuple irakien, pour citer l'exemple dont se sert l'auteur, ne reste pour les téléspectateurs occidentaux qu'un concept, on ne peut pas prétendre le connaître vraiment. Le monde vu par le biais du canal cathodique le sera toujours de manière réductrice.
Ceci dit, Henry Perowne est également conscient que si les médias semblent se complaire dans une sorte de catastrophisme, c'est pour répondre aux attentes d'un public qui réclame du spectaculaire. En ce début de siècle, où des millions de téléspectateurs se sont vus abreuvés des images en boucle des tours jumelles en proie aux flammes, l'homme semble être atteint d'une nouvelle obsession : celle de s'attendre au pire, mais aussi, en quelque sorte, de le vouloir. Le pire prenant, bien sûr, l'apparence du terrorisme.
On espère que ce pire n'arrivera pas, mais s'il arrive, on veut le voir, sous tous les angles, jusquà la nausée, dans l'illusion, toujours, d'y participer et de "communier avec (nos) semblables dans une anxiété généralisée".
Notre neurochirurgien en vient finalement à s'interroger sur le sens du progrès, sur ce que l'homme a fait des prouesses technologiques dont il s'est avéré capable. Parallèllement à tous les bienfaits -médicaux, sanitaires- prodigués par ce progrès, il se rend compte qu'il a donné lieu à une nouvelle forme d'aliénation insidieuse. On a le sentiment d'avoir un accès plus large à la connaissance, mais en même temps nous manquons d'éléments d'analyse objectifs, et surtout nous ne prenons pas le temps d'acquérir ces éléments.
Ian McEwan nous ramène à nos propres limites et à nos propres contradictions : les nouveaux réseaux de communication et d'information nous donnent l'impression de participer à la marche du monde, de pouvoir donner notre avis sur tout, de nous indigner avec facilité, mais où s'arrêtent la sincérité et la profondeur de ces engagements et de ces principes énoncés depuis notre confortable quotidien ? Jouerions-nous à avoir peur et à tout dramatiser, pour nous dédouaner d'être des nantis ? Et si c'est bien le cas, qui voulons-nous réellement tromper ?
Voilà sans doute pourquoi, sans en avoir l'air, l'auteur parvient à nous atteindre.
BOOK'ING
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[Samedi | Ian McEwan, France Camus-Pichon (Traducteur)] |
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Mariecesttout
Sexe: Inscrit le: 18 Aoû 2007 Messages: 149
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Posté: Dim 30 Sep 2007 1:54
Sujet du message: [Samedi | Ian McEwan, France Camus-Pichon (Traducteur)]
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Commentaires : 1 >> |
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Samedi
traduit de l'anglais par France Camus-Pichon
Ed Gallimard
Pour Henry Perowne, personnage central de ce roman, c'est un samedi ordinaire qui se prépare. Samedi ordinaire dans la vie d'un homme ordinaire ? Ou plutôt samedi privilégié dans la vie d'un homme privilégié? Marié et toujours amoureux, deux enfants aimés et brillants, un métier qui lui plait. Il est neurochirurgien. Il répare les cerveaux et s'efforce de respecter chez les autres ce qui lui semble le plus important, la conscience. Et pour cela, il faut que tout soit bien rangé, à la bonne place. Le cerveau n'aime pas le désordre....Mais ce n'est pas quelqu'un de borné, Henry Perowne, pas du tout. Simplement, il y a des choses qui lui sont moins accessibles , qui le déroutent. Par exemple, la littérature, il ne voit pas bien ce que cela apporte. Il ne veut pas non plus changer le monde, ce qu'il veut, c'est qu'on lui explique. Tout a une explication, en neurologie, une logique, et cela convient très bien à cet adepte du rationnel.
Sauf que.....et bien sauf que dès le départ, cette journée ne va pas suivre le cours prévu par son acteur. La vision très matinale d'un moteur d'avion dans le ciel londonien ( terrorisme, accident?) ,les rues bloquées par les manifestants contre la guerre en Irak ( à quoi va aboutir cette guerre?),l' altercation avec un autre automobiliste ( présentant des signes visibles à l'oeil d'un spécialiste d'une grave anomalie neurologique, s'en servir ou non? ), et finalement, l'intrusion de la violence , la vraie, au sein même de sa vie familiale. Perowne débute sa journée dans la certitude d'une vie établie, il l'achève avec la seule certitude possible, la constatation de "la vitesse à laquelle les conséquences d'une action vous échappent et engendrent de nouveaux évènements."
Réflexion banale.....et oui..., mais en fait ( je laisse de côté les aspects narratif et descriptif du roman, très bien faits, presque cinématographiques), le thème de réflexion est là. A quoi sert à ce neurochirurgien de comprendre, comprendre ce qu'était le problème de l'avion matinal avec ce " besoin compulsif de communier avec nos semblables dans une anxiété généralisée", comprendre la pathologie exacte de son agresseur, vérifiée plus tard sur l'iconographie? A quoi, concrètement? Est ce qu'on peut tout comprendre, tout prévoir? Est ce qu'il ne faut pas savoir revenir au "peut être que...", au doute? Est ce que pour pénétrer l'esprit humain, les mots ne sont pas plus efficaces que le bistouri? Est ce que les métiers choisis par ses enfants doivent vraiment n'être considérés qu'avec indulgence? Sa fille écrit des poèmes, et, ironiquement, c'est la lecture d'un poème qui le sauvera, lui et les siens. Son fils est musicien , et finalement, le point fort de cette journée a été de l'entendre:
" C'est alors qu'ils - les musiciens- nous offrent un aperçu de ce que nous pourrions être, de ce que nous avons de meilleur, de ce monde impossible où l'on donne tout aux autres sans rien perdre de soi-même . Dans le monde réel, il existe des programmes détaillés, des projets visionnaires de sociétés paisibles, sans conflit, promettant le bonheur à tous et pour toujours- des mirages au nom desquels les gens sont prêts à tuer et se faire tuer. Le royaume du Christ sur terre, le paradis des travailleurs, l'état islamique idéal. Mais seule la musique, en de rares occasions, laisse vraiment entrevoir cette communauté de rêve, séduisante illusion qui s'évanouit avec les dernières notes ."
Ian Mc Ewan pose des questions sur l'époque dans laquelle nous vivons, dont il n'a évidemment pas les réponses, car il n'y a pas de réponse à tout, mais l'intérêt de la littérature est bien de savoir poser les questions....
" L'avenir est plus difficile à déchiffrer, l'horizon rendu indistinct par la multiplicité des possibles. Cent ans plus tôt, peut être un médecin dans un peignoir de soie méditait-il sur le siècle qui venait de naître. On peut envier à ce gentleman édouardien tout ce qu'il ignorait encore.S'il avait de jeunes fils, il risquait de les perdre douze ans plus tard sur le front de la Somme"......
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[Samedi | Ian McEwan, France Camus-Pichon (Traducteur)] |
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amiread1
Sexe: Inscrit le: 16 Mar 2007 Messages: 812 Localisation: Chateaudun
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Posté: Ven 06 Avr 2007 22:29
Sujet du message: [Samedi | Ian McEwan, France Camus-Pichon (Traducteur)]
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Commentaires : 0 >> |
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Henry Perowne, neuro chirurgien réputé, et établi, a sa premiere journée du WE bien remplie : squash avec son ami américain qui travaille dans le meme hopital, achat des ingrédients du repas du soir qui verra la petite famille réunie, visite à sa mère dans une maison de retraite dans la banlieue londonienne, et préparation du fameux repas proprement dit; sans compter les coups de téléphone à sa femme, avocate d affaires....Ce roman qui se déroule sur 24 h, et qui pourrait etre une longue nouvelle,nous conte comment ce beau programme va etre irrémédiablement perturbé par un petit incident de rien du tout, un accrochage bénin entre la Mercedes du héros et une BMW de petites frappes londoniennes... à partir de là tout se détraque et part à vau l eau. La tension monte tout au long du récit pour se libérer au moment du repas du soir qui voit la famille (british upper class ! ) prise en otage par, devinez qui ? , les petites frappes cokney, dont le chef est meme atteint d une maladie neurorologique incurable, eh oui ! Bon, ça se termine bien, du moins pour la famille. Les dernieres pages du livre sont superbes, l occasion pour l auteur de faire méditer son héros sur le sens de l existence, la mort, la vieillesse, l amour.... à noter une fascinante opération du cerveau, sur 10 bonnes pages,effectuée par notre chirurgien, comme si vous y étiez; avec bruit de la scie électrique, odeur d os brulé, bistouri électrique lui aussi.... du Slaughter pour ceux qui connaissent, mais là les infirmières ne sont pas amoureuses de leur patron...Donc trés bon livre, style sobre, bonne traduction.
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