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Notation moyenne de ce livre : (4 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)
Mots-clés associés à cette oeuvre : 2008, amour, autobiographie, denoel, deuil, francais, france, litterature francaise, locked-in syndrome, maladie, premier roman, roman, roman contemporain
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[La Fausse Veuve | Ben Sadoun Fl] |
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Auteur |
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Message |
vanillabricot
Sexe: Inscrit le: 11 Sep 2008 Messages: 32 Localisation: Ankara
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Posté: Mar 30 Sep 2008 12:44
Sujet du message: [La Fausse Veuve | Ben Sadoun Fl]
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Commentaires : 0 >> |
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Mon avis:
Ca risque d'être long parce que la lecture de ce livre a, pour moi, été problématique sur plusieurs points.
Vous avez vu le film ou lu le livre "Le Scaphandre et le Papillon"? Livre de cet homme, complètement paralysé, qui l'a écrit à force de clignement de son seul oeil encore valide.
C'est de lui qu'il s'agit. Je ne l'ai ni lu, ni vu, mais j'en ai, évidemment entendu parlé.
L'auteure de "la fausse veuve" a été l'amante, l'autre femme, de cet homme et est donc devenue, à sa mort "la fausse veuve".
Je trouve l'histoire fascinante. J'aurais pu accrocher. Mais le style m'a complètement rebuté.
La forme:
Il y a d'abord cet alternance systématique entre le tu et le vous. Non seulement ça n'apporte rien, mais ça gêne la lecture. On balance d'un pied sur l'autre, sans finalement rentrer dans le texte.
Et puis des mots comme "en live" et autres petites expression de djeuns qui ne s'intègre pas du tout au style général du reste du texte et qui, en plus, mis entre guillemet pue à 100 lieue à la ronde une recherche forcée d'un style. Style qui, du coup, semble laborieux.
Et que dire de la construction du récit? Elle alterne les chapitres sur son enfance, ceux sur sa vie avec cet homme avant et après l'accident, ceux sur son ressentiment envers l'hôpital, les médias, la famille...
Sans aucune évolution, harmonie. Les retours fréquents en arrières sont cahotiques et n'apportent souvent rien.
On assiste à une juxtaposition peu pertinente de moments de sa vie. Sans introspection.
C'est bordélique et l'écriture est médiocre.
Ex: "On était au mois d'août et la climatisation ne risquait pas de trouer la couche d'ozone"
J'ai parfois l'impression qu'elle écrit comme j'écris à mon journal intime. D'un jet. En superposant, présent, passé, futur, rancœur, amour, nostalgie, dans un lourd effet stylisé.
(Heu oui, oui j'écris comme ça dans mon journal intime, c'est souvent pathétique dailleurs, amsi au moins je le publie pas!)
Le fond:
Je ne suis pas non plus complètement négative sur ce livre. J'ai, à de (rares) (bons) moments, réussi à être touchée par cette femme qui lache parfois des perles de bonheur, de douceur ou de douleur, au hasard d'une ligne.
C'est ce qui fait dire à certains qu'on est mal à l'aise d'être ainsi mis face aux sentiments les plus personnels de cette femme. Pour moi, c'est le seul intérêt de ce livre.
Oui Madame Ben Sadoun, un lecteur lit pour s'approprier une autre vie. Si vous le supportez si mal, si vous le vivez comme un viol, et je le comprends, pourquoi réitérez-vous l'expérience en écrivant ce livre?
C'est contradictoire et ça met le lecteur dans une position ambigüe: accepter ou pas d'être touchée cette femme qui ne veut surtout pas qu'on s'identifie à elle.
Moi non plus je ne voudrais pas qu'on dissèque les moments les plus durs de ma vie autour d'une coupe de champagne avant de parler des derniers résultats sportifs. Alors, je ne publierai pas un livre sur ma vie.
C'est facile!
Conclusion
Le style est destabilisant, il empêche l'identification, la compréhension, mais je crois justement que c'est ce que l'auteure a voulu.
Je ne pense pas qu'elle voulait émouvoir. Même pas toucher ou interpeller. Juste dire son orgueil et sa douleur de femme amoureuse et blessée.
Dire, sans se livrer. Mais dans ce cas on en fait pas un livre.
Enfin moi ce que j'en dis.
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[La fausse veuve | Florence Ben Sadoun] |
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Auteur |
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Message |
Max
Inscrit le: 10 Aoû 2006 Messages: 403
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Posté: Jeu 21 Aoû 2008 11:32
Sujet du message: [La fausse veuve | Florence Ben Sadoun]
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Commentaires : 1 >> |
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«Aujourd'hui je suis plus vieille que toi alors que j'avais neuf ans de moins que vous.» Le livre débute ainsi et plonge d'emblée le lecteur dans la perplexité : qui est "je" ? Qui est "tu" ? Qui est "vous" ? "Je", la narratrice, est-ce l'auteur elle-même, Florence Ben Sadoun, directrice de la rédaction de Première, journaliste à ELLE et chroniqueuse cinéma à France Culture ? Et cet homme tuvoyiez et voutoyez à l'envie, qui est-il ? Cet homme, c'est l'amant de la narratrice, victime il y a une dizaine d'année d'un accident vasculaire qui l'a plongé dans un coma profond et dont il est sorti atteint du "locked-in syndrome", esprit prisonnier de son propre corps. Cet homme, on finit par le deviner même si son nom n'est jamais cité, c'est Jean-Dominique Bauby, l'auteur de Le scaphandre et le papillon qu'il rédigea par battements de paupière. Derrière la destinée largement médiatisée d'un personnage, Florence Ben Sadoun raconte l'homme, son homme, et l'histoire qui leur a été volée. Ce que furent leur amour, leurs moments de bonheur, et aussi les doutes et le désespoir des tête-à-tête muets à l'hôpital. Plus qu'un roman, ce livre est un témoignage, une revendication de l'auteur afin de se réapproprié leur histoire.
Ce livre est particulièrement déroutant : tutoyant et vouvoyant dans la même phrase son amant disparu et ne le désignant jamais par son nom, sur-stylisant son écrit, juxtaposant sans chronologie des bribes éparses d'anecdotes décontextualisées, l'auteur sème le trouble et la confusion. Il est bien difficile de s'impliquer dans cette histoire décousue et de se sentir en empathie. En outre, plus que l'amour qu'elle portait à cet homme et sa douleur de l'avoir perdu, c'est la colère de l'auteur qui prédomine son récit. Son dépit et son amertume d'avoir été "écartée" de la biographie officielle de son amant, son écoeurement et son désarroi face à la récupération médiatique de leur histoire ( «Qui a autorisé des inconnus qui ne t'ont jamais connu debout, ni parlant, ni touchant, à s'approprier ta vie et tes secrets, à malaxer la mienne au passage dans le sens qui les arrange, pour en faire leur œuvre ?») et son besoin de reconnaissance, elle qui ne fut "que" la maîtresse, la fausse femme, donc aujourd'hui la fausse veuve.
Ce témoignage est fondamentalement dichotomique : d'un côté l'auteur dénonce la surmédiatisation de l'accident de son amant (articles de presse, livres, documentaires et adaptation cinématographique), d'un autre côté elle y participe de fait avec ce récit qui va forcément relancer l'attention des médias. Alors, quel est le but réel de ce livre et a qui s'adresse-t-il ? Certainement pas au lecteur lambda placé de force dans la position inconfortable du voyeur mis en accusation. Il s'agit plutôt d'une lettre ouverte à son amant disparu, entre déclaration d'amour, auto-justification et récrimination. Un exutoire, un cahier de doléances péremptoire, plein d'aigreur et passablement égocentré. Dans sa revendication certes justifiée au statut de victime du drame, l'auteur semble parfois oublier qu'elle n’a pas été la seule victime. Je ne doute pas de sa sincérité, mais son récit manque de douceur et de tendresse. C'est un trop plein de douleur, d'amertume et de ressentiment.
Extraits
«Un soir chaud de juin, quand tu as quitté votre femme, vous m'avez dit : "Attention, pas de blague, vous et moi, c'est pour la vie." Et ce fut pour la mort. Sans blague.»
«Alors ces inconnus que je n'aurai pas aimé croiser dans un dîner parlent de vous. Parlent de toi. Non pas du vrai toi mort depuis dix ans, mais d'un toi vulgarisé. C'est ton nom qui sonne comme une carcasse vide, devenu celui d'un personnage de film, un héros qu'ils ont l'impression de connaître. Ils en sont convaincus. Je ne le supporte pas. J'ai la chair de poule. Je ne bouge pas, j'écoute comme si mon esprit sortait de mon corps et allait s'asseoir à leur table pour entendre, décortiquer, vomir sur ce qu'ils disent. Le bruit m'empêche de tout saisir. Je réagis à des mots clés : "C'est dingue, toutes ces femmes autour de lui, il paraît qu'il avait beaucoup d'humour ? Quel drame horrible ! Moi je préférerai mourir ! Et tu as vu le dévouement extraordinaire de sa femme ?" Sa femme ? Laquelle ? Je pleure, me cache derrière mes lunettes de vue qui grossissent l'effet des larmes. Ce sont des larmes de perte, perte de mon histoire intime, des larmes de braise sur mon deuil réactivé, des larmes mouillées de tristesse infinie, qui coulent toutes seules hors de moi. Qui a le droit de nous déposséder de notre histoire en émiettant notre intimité autour d'un club sandwich ? Qui gagne quoi et surtout combien en falsifiant la réalité ?»
le cri du lézard
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