Une très belle bande dessinée. Il s'agit d'ailleurs plus de peinture que de dessin, une peinture à la Egon Schiele où les visages sont des compositions d'aplats de couleur qui insistent sur les traits principaux (une moustache, un front proéminent), esquissent le reste et marquent les émotions avec de beaux jeux d'ombre et lumière.

De petites cases non détourées où la couleur joue un rôle important (notamment le rouge de la bannière nazie)...

C'est le premier tome d'une trilogie qui a pour personnage central Sir Arthur Benton un espion anglais passé à la solde des nazis. Le premier opus nous amène à Istanbul en 1929/1930 où Benton va récolter de l'argent et des armes pour aider la NSDAP a gagner les élections législatives de 1930. Il est traqué par un homologue français : Emile Marchand, lequel ne sait pas encore qu'il a affaire à un agent anglais (il croit chercher un allemand).

Difficile d'en dire plus sans en dire trop.
C'est une belle BD historique, intéressante sans excès de bavardage, avec un beau dessin et un rythme soutenu, j'ai hâte de lire le t2.

Une trilogie au scénario surprenant : le personnage principal n'est qu'un salaud, un collaborateur des nazis. On suit en fait son témoignage lors d'un interrogatoire juste avant le procès de Nüremberg, par un agent français. Ces deux personnages sont vraiment charismatiques, il faut dire qu'on a affaire à des espions. De ce côté il n'y a rien à dire, le récit est excellent.
Quand on entre dans le détail, nous suivons bien une histoire d'espionnage, machiavélique, tordue à souhaits.

Mon regret est à deux niveaux :
- l'Histoire de la montée du nazisme, la préparation de la guerre semble importante mais je ressors de l'album avec le sentiment d'avoir plutôt suivi l'affrontement de deux hommes, alors que l'intention de mémoire et d'hommage aux victimes des camps par les auteurs est fortement marquée en préambule. A noter tout de même un thème rarement évoqué : l'ambigüité des relations franco-anglaises en Méditerranée, dont tire profit les faucons nazis.
- le graphisme : le choix de l'aquarelle est trop abstrait ici. Pour coller au scénario, j'aurais préféré une technique au crayon, ou un noir et blanc.