A Paris, Jonathan Julian, bel informaticien américain, aménage dans le même immeuble que la chinoise Ayamei, ancien leader des émeutes de Tianan men réfugiée en France et étrangement liée à Philippe Matelot, politicien français véreux. Ces trois personnages vont se croiser, se séduire, se mentir, se tromper, se manipuler, se traquer, chacun oeuvrant en secret pour son gouvernement, car tous trois sont espions.
Pour construire son intrigue, l'auteur s'est uniquement concentré sur les tensions relationnelles et émotionnelles entre les personnages qui se livrent à une guerre psychologique. A chaque chapitre, le narrateur change et le lecteur découvre ainsi ce que chacun des personnages sait ou devine des autres, celui que l'on pensait manipulé manipulant tout autant. Les trois espions jouent ainsi à qui est qui en une intrigue en poupées russes où les enjeux politiques mondiaux, la guerre économique entre Etats et les rivalités entre services de contre-espionnages ne servent finalement que de décors à un banal chassé-croisé amoureux. Car sans toutefois oser franchement le vaudeville, ce roman de Shan Sa s'apparente plus à un marivaudage (avec pour épicentre le grand classique du triangle amoureux) qu'à un roman d'espionnage. Et même dans ce registre, nous sommes loin de la beauté poétique du très élégant et sensible roman
La joueuse de Go. Les personnages sont caricaturaux, les dialogues sont lourds et affligeants de platitude (saupoudrés par moment d'anglais et chinois en VO, artifice totalement superflu) et les situations manquent de crédibilité. La structure narrative et le développement du récit en un dévoilement progressif des personnalités donne un certain intérêt à l'intrigue, sans toutefois rattraper la désespérante pauvreté et superficialité de l'ensemble, bien fadasse.
le cri du lézard