Dès le début du roman "On achève bien les chevaux", le lecteur connaît l'issue tragique du récit : le narrateur, Robert Syberten, est condamné pour le meurtre de Gloria Bettie.
Nous sommes à Hollywood, dans les années 30, les débuts du cinéma font miroiter mille promesses aux yeux de jeunes aspirants acteurs ou metteurs en scène qui ont quitté leurs provinces natales pour tenter la chance et les étoiles dans la "StarStruck Town"...
Robert et Gloria sont de ceux-là. A peine ont-ils fait connaissance que Gloria propose à Robert de participer à un marathon de danse, ce qu'il accepte, après quelques réticences. Il faut dire qu'il y a 1000 dollars à la clé, et peut-être l'opportunité d'être remarqué par une star du grand écran qui passerait par là...
La quasi totalité du récit se passe ensuite durant le marathon. Nous accompagnons nos deux jeunes danseurs amateurs au cours de longues heures où fatigue, courbatures, et enjeu finissant par créer des tensions.
Les participants au concours sont exhibés comme des bêtes de foire par des organisateurs qui ont pour unique souci le taux de fréquentation du lieu. Ils n'hésitent pas, afin de le faire progresser, à utiliser des moyens parfois moralement douteux.
C'est l'occasion pour Robert et Gloria de faire plus ample connaissance. Le jeune homme découvre en sa partenaire une femme au bout du rouleau, qui a perdu toute envie de vivre, qui se montre injuste et aigrie vis-à-vis d'autrui.
"On achève bien les chevaux" est un roman à l'écriture très efficace et percutante. Horace Mac Coy va à l'essentiel, et sait en quelques mots, ou par une scène significative, illustrer un propos qui va bien sûr au-delà de la description d'un simple concours de danse.
Le contexte du récit lui permet en effet de mettre avant les limites d'un système américain dont le rêve tant promu laisse beaucoup de pauvres hères au bord de la route.
Je n'ai pas pu m'empêcher, au cours de cette lecture, d'établir une analogie entre l'intrigue du roman et les émissions de télé réalité qui fleurissent aujourd'hui dans nos médias. Car le principe est au final bien le même : il s'agit d'utiliser les espoirs de naïfs en quête de gloire pour en faire un spectacle propre à satisfaire les tendances voyeuristes qui sommeillent chez les (télé)spectateurs potentiels...
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