Où l’on retrouve le duo d’ « Un dernier verre avant la guerre » : Patrick Kenzie et Angie Gennaro, à la fois détectives associés, amis d’enfance et anges-gardiens mutuels. Contactés par un ancien professeur de Patrick, ils sont chargés de veiller sur Jason, le fils de la psychiatre Diandra Warren, qui a reçu des menaces à la suite de sa rencontre avec la petite amie du bras droit d’un mafieux local. C’est le début d’une enquête complexe et plus qu’éprouvante, dont les éléments puisent leurs racines dans des actes commis par le passé, à l’époque où nos 2 héros n’étaient que des enfants, mais dont les conséquences vont retentir de façon tragique sur leur existence.
Dorchester, le plus vaste quartier de Boston, se place au cœur du récit : la quasi-totalité des personnages y ont grandi, la plupart y sont restés ; ils ont suivi des voies différentes mais traînent avec eux des vestiges de souvenirs communs. Par les yeux du narrateur (Patrick Kenzie), Dennis Lehane y dépeint un monde où la violence, omniprésente, n’est pas l’apanage des criminels et autres psychopathes, et c’est ce qui rend ce rend ce roman si troublant. Il nous démontre que personne ne peut se targuer d’être à l’abri de sa propre violence : acculé par la peur, galvanisé par le désir de vengeance, jusqu’à quel point sommes-nous capables de laisser parler la colère, voire la haine, qui est en nous ? Quel est le seuil au-delà duquel nous ferions taire notre conscience ? Et il va encore plus loin, laissant entendre que lorsque nous prenons le pouvoir sur autrui, parce qu’à un moment donné, nous avons réussi à avoir l’avantage, ce pouvoir serait générateur d’une certaine ivresse. Angie Gennaro l’avoue elle-même : quand elle a abattu, de sang-froid, un homme, elle a eu la sensation d’être Dieu !! Et la question est-elle de savoir s’il avait mérité sa mort, et qui peut, d’ailleurs, en juger ? (Même si, effectivement, on se prend à penser, au cours de la lecture, que certains ne sont pas dignes de vivre..)
Vous l’aurez compris, j’ai trouvé ce roman très fort, l’intrigue très prenante, et il m’a paru plus marquant et plus complexe que le volume précédent mettant en scène le même tandem de détectives (Un dernier verre…), que j’avais pourtant beaucoup apprécié.
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