Abzalon est un homme au physique monstrueux condamné et incarcéré dans un pénitencier où les gardiens n'osent plus pénétrer. Dans le cadre d'une expérience scientifique, l'espace vital et la nourriture attribués aux prisonniers sont peu à peu réduits.
Ellula est une jeune fille promise en mariage comme cinquième épouse à un richissime responsable de domaine dans une communauté dominée par la religion et pratiquant la polygamie.
Ces deux êtres vont se retrouvés sélectionnés pour embarquer dans un vaste vaisseau spatial à destination d'un nouveau monde car le soleil qui réchauffe leur planète est voué à disparaître dans quelques siècles.
L'auteur nous offre la description de plusieurs huis clos dans lesquels les personnages sont plongés, familial, religieux ou physiques avec la volonté de toujours s'en échapper.

souvenir de lecture

Depuis le temps que je voulais me lancer dans la lecture d’un Bordage, enfin, je m’y suis mit. Je ne connais cet auteur qu’à travers son nom et sa réputation. Grand écrivain de science fiction française, j’ai hésité longtemps avant de me plonger dans cette fresque. Jusqu’à présent, je n’avais lu de science fiction écrite par un français qu’une seule fois dans ma courte vie, et je constate que je ne me souviens ni du nom de l’auteur, encore moins de son titre. Autant dire que cette lecture d’un lointain passé ne m’avait pas vraiment marqué, sauf en négatif….

Des préjugés donc, ou plutôt l’ignorance totale d’un bon, (excellent même !) écrivain à l’imagination sans limite…

Un monde en perdition, la technologie et l’expansion humaine qui mène, à l’image d’Aloboam le soleil avec la galaxie, la civilisation vers sa fin, proche. L’oubli de la simplicité de la vie au profit des religions, de sacres pervertis par le temps et la cupidité. Un sorte d’enfer bouillant, métallique, emplit de haine, peu enclin au sacrifice et bourré d’orgueil, telle est l’image de l’être vivant commun de ce livre Et il y a le monstre, les monstres (les seuls êtres pour qui la survie compte, mais une vie dédiée aux autres), ceux que l’ont considère comme la crème des parias, la lie de cette société qui se meurt. Ce sont eux qui deviennent finalement le seul et unique moyen de perpétuer la mémoire d’un monde, ou plutôt des êtres que ce monde a enfanté. Car de cette civilisation il ne restera rien.

Nous trouvons de tout dans cette histoire, des personnages charismatiques, un scénario consistant et riche, une invention toute personnelle d’un univers complet. Notons l’importance des oppositions désormais classiques de nature/culture, civilisation/nature, de l’orgueil démesuré qui conduit au meurtre et à la folie, et à l’amour, évidemment, qui guide chacun vers son destin, amour polymorphe, évidemment et non seulement sexuel. Amour de soi, amour de siens, acceptation de sa nature propre. Refus de devenir l’acteur de la destruction de son propre monde de naissance, pour en créer, tous l’espèrent une nouvelle terre débarrassée des scories typiquement humaine porteuses du germe de l’autodestruction.

Volonté, force, caractère, amour, tous sentiments qui conduisent les hommes et femmes de ce roman de science-fiction, à la découverte d’une vie meilleure, après avoir connu les affres d’une vie au purgatoire de l’espèce humaine.

En résumé, un très bon bouquin, comme je les aime, et cela faisait un bail que je n’en avais pas lu !

Une histoire de Bordage, c'est évident dès le départ dans le style, dans l'univers, dans l'histoire.
Une planète au bord de la crise pour cause de surexploitation et de fanatisme pour atteindre le pouvoir, une tentative de fuite et de renouveau... l'occasion pour l'auteur de critiquer (pas très) discrètement les fanatismes de tous bords (mais religieux principalement), la recherche du pouvoir, les atteintes multiples à l'environnement.
Bien que j'ai regretté de lire du Bordage-faisant-du-Bordage (mais bon peut-être que j'en demande trop), l'histoire est chouette, prenante, et, comment dirais-je, dense, c'est-à-dire que pour un livre aussi long, je n'ai pas eu trop l'impression de longueurs ou de la volonté de tirer sur l'histoire artificiellement, c'était bien rempli. Les personnages, étrangement, sont à la fois multi-facettes, et assez caricaturaux, mais sont pour la plupart intéressants et attachants.
Par contre j'ai trouvé que le livre se finissait bien, comme un tout, j'ai donc quelques appréhensions à lire la suite "Orchéron", peut-être y trouverais-je ces longueurs inutiles auxquelles on a échappé ici?

Pour moi, un très bon Space Opera, avec comme thèmes dominants : celui du voyage dans l'espace pour la survie de l'espèce, le clonage, la nécessité de coopération et d'entente entre les différents groupes humains (ou non), la domination psychologique, et la protection de l'environnement et les risques encourrus en cas de laisser-aller...

Je découvre cet auteur avec ce volume, et je lirai avec plaisirs d'autres de ses romans.