Voici donc un petit recueil de deux nouvelles, deux histoires de rencontres.
Dans la première nouvelle,
Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, quelques temps avant son mariage, la narratrice rencontre un enfant et son père, tous deux plongés dans la contemplation d'un restaurant scolaire. La conversation s'installe et l'homme lui raconte pourquoi l'image d'un réfectoire le soir évoque pour lui le souvenir d'une piscine sous la pluie.
Dans
Un thé qui ne refroidit pas, la narratrice retrouve un camarade de classe lors d'un enterrement. Invitée chez lui quelques jours plus tard, elle y rencontre sa femme, fascinante et troublante :
«[...] elle était belle à couper le souffle. D'une beauté qui risquait de disparaître si l'on essayait de la saisir.»
Situés dans un contexte social et quotidien bien établi (un mariage et un enterrement), ces deux récits prennent rapidement une dimension toute autre, vers quelque chose d'abstrait et d'impalpable, de l'ordre de l'indéfinissable qui se produit lors d'une rencontre. Avec finesse et subtilité Yôko Ogawa effleure l'intime et l'inconscient de personnages vivant des instants simples mais précieux, des instants comme hors du temps, parenthèses de leur existence.
Si la première histoire m'a laissée indifférente, j'ai par contre beaucoup aimé la seconde, au charme discret et quelque peu désuet. Il ne se passe pour ainsi dire rien dans ce récit, ou pas grand-chose, aucune "action", et pourtant il se passe quelque chose malgré tout, quelque chose en nous, on "ressent" beaucoup. Une sensation de fragilité et de mélancolie, difficile à déterminer, émane du récit et lentement submerge le lecteur. Avec ces mots précis pour évoquer un amour tel une évidence, Yôko Ogawa nous offre un récit limpide et simplement beau.
le cri du lézard