L'auteur : Jürgen Nefzger, né en Allemagne et vivant et travaillant à Paris. Depuis le début des années 90, il porte un regard sur les mutations du paysage.
L'ouvrage : Hexagone - 1. Le paysage fabriqué - Paysages périurbains et de loisirs 1995-2000
Ce premier livre contient uniquement des photos en N&B, prises comme le titre l'indique en France. Les centre commerciaux photographiés sont vides, les lotissements sont inachevés, les rares vivants apparaissant sur les clichés sont immobiles. Sur une des photos, un lotissement pris de haut me fait penser au modélisme ferroviaire qui recrée sur une immense table un réseau ferré avec un village : des maisons de carton pimpantes et bien peintes, mais vides de toute vie. Les quelques plages (partie loisirs) que l'on voit ne donnent nullement envie de s'y prélasser. Même les paysages non bâtis me semblent tristes, peut-être parce que je suis influencée par les autres pages...
On peut voir également sur 4 clichés la démolition de 2 tours : avant, pendant, toute la poussière soulevée, puis après. Et on se demande s'il y a vraiment une différence entre avant et après (sans doute pour les habitants, mais ils sont absents de ces clichés).
En fait, le photographe met une grande distance entre l'objet photographié et lui, donc nous. Tous ces clichés me semblent profondément pessismistes, constats peut-être pas de l'échec de l'empreinte de l'homme sur la nature, mais surtout de la vanité de l'homme.
Deux photos semblent sortir du reste : la première et la dernière.
La première, c'est un autoportrait de l'auteur de facture classique. Photo posée et mise en scène où Jürgen Nefzger se représente en touriste (chapeau, bières, chaise longue,... ), mais dans un décor urbain où il semble être le seul être vivant.
Sur la dernière photo, on se prend à espérer : une grand-mère et sa petite fille avancent, nous les voyons de dos, sur un chemin. Elles se dirigent vers une partie boisée et vont bientôt croiser d'autre promeneurs venant sur leur gauche...
Mais, le chemin, absolument rectiligne, civilisé car tondu sur les deux côtés, monte tout droit vers... on ne sait pas ce que c'est exactement, mais on voit très bien les quatre grandes cheminées là-bas au-delà des arbres...
Bref, ce que j'en retiens : distanciation, précision quasi "médecine légiste", dérision, humour aussi, et pessimisme. Mais rien à redire du point de vue esthétique : composition, éclairage et tout ce qui fait une bonne photo, tout est là. Et, malgré tout ce qui précède, une réelle personnalité qui ressort de cet ouvrage !
Pour info :
Le jeudi 5 juin 2008, le jury du Prix Niépce des Gens d’images, présidé par Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, a décerné le Prix Niépce 2008 à Jürgen Nefzger.
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