Quelle surprise que ce « Jardin de ciment » ! Le peu que j’ai lu de McEwan (deux romans) m’avait fait découvrir une écriture complexe, et finalement davantage centrée sur la réflexion inspirée par les événements du récit que par l’histoire elle-même. Ici, pas de digressions, ni de longues considérations philosophiques, mais des faits, relatés simplement, presque sèchement.
Trois adolescent(e)s et un garçon de 6 ans, frères et sœurs, se retrouvent à vivre seuls dans la maison familiale à la suite du décès de leurs parents. Plutôt que d’alerter quiconque, ils dissimulent le cadavre de leur mère à la cave (sa mort survient quelque temps après celle du père), par crainte d’être séparés s’ils étaient confiés aux services sociaux.
« Le jardin de ciment » est presque un huis-clos : les enfants ne sortent que rarement de la maison, et comme c’est les vacances scolaires et que l’habitation est située dans une zone désertée car en cours de démolition, ils n’ont pas à subir la curiosité d’éventuels voisins. Ils n’ont pas non plus à se plier aux règles imposées par les parents, ou la société en générale. Ils se sont créés comme un cocon protecteur, environnés de la familiarité et de la quiétude que procurent les liens frères-sœurs, et sans véritablement se poser de questions sur l'issue et l'étrangeté de leur situation.
Ils vivent donc indépendamment de la réalité extérieure, dans un esprit de liberté et d’aventure qui peut paraître dérangeant aux yeux de certains, car il abolit les habituels tabous du monde civilisé, tels que le travestisme ou l’inceste.
J’avoue pour ma part avoir trouvé ces enfants particulièrement attachants, et souvent candides, malgré les circonstances assez sordides de cette histoire.
J’ai découvert un McEwan différent, et sans doute peu représentatif du reste de son œuvre, que j’ai lu avec grand plaisir.
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