Yann de Kermeur est injustement accusé du meurtre du comte de Kermellec. Menacé de lynchage, il échappe de justesse à la pendaison grâce au tir de fusil de la petite-fille du défunt mais il est enferré pour être conduit en prison. Il s’échappe en chemin mais entre temps son équipage a été emprisonné et soumis à la torture. Un réseau d’amitiés et d’entraide se met clandestinement en place pour rétablir la justice. La route est jonchée de perfidie, de rancune et de trahison. Si Yann est un corsaire aimé et redoutable, le début de ses aventures narrées en bande dessinée lui vaut coups et avanies. Les pistes sont suffisamment ouvertes pour que le lecteur soit mené par le bout du nez aux quatre coins de l’univers.
Le dessin classique de Pellerin, entre Hubinon et Julliard, entre Barbe-Rouge et les Sept vies de l’Epervier, sait trouver ses marques, prendre de l’ampleur et décoller. Les décors naturels de la côte bretonne, ceux de la presqu’île de Crozon notamment, sont particulièrement soignés et les couleurs rehaussent un dessin maîtrisé. L’histoire est fluide, rythmée et la mise en page colle parfaitement à l’intrigue savamment ourdie. Alors que le créneau de la flibuste est déjà bien rempli et référencé, les aventures de l’Epervier s’inscrivent dans un schéma conventionnel mais elles possèdent déjà dès le premier volume tous les ingrédients nécessaires pour que le lecteur ait envie de continuer l’aventure. On sent que le terrain est bien balisé et cela rend le cheminement facile même si des crocs-en-jambe et des glissades sont possibles en cours de route.